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BIBLIOGRAPHIE 431 Il ne peut évidemment entrer dans mon plan d'analyser ici cet ouvrage tout spécial. Mais comme nous sommes tous appelés à concourir, à un moment donné, à la défense de la patrie, comme nous sommes réellement, nous aussi, la Nation armée, je ne puis moins faire que de signaler ce volume à l'attention générale, et d'en dire au moins quelques mots. L'ouvrage est divisé en six chapitres. Dans le premier, M. de Goltz étudie les armées modernes ; s'appuyant tour à tour sur l'histoire et sur l'expérience, il traite à fond cette question. Etant donné l'état actuel delà civilisation, le mouve- ment des mœurs et des idées, les habitudes politiques, il conclut que l'armée mo- derne doit être la nation en armes. L'auteur étudie ensuite successivement les élé- ments constitutifs de l'armée, sa division, et tout spécialementle corps des officiers. Le second chapitre est consacré au généra! en chef; il dit tout ce qu'exige d'habitude, de prévoyance, de sûreté dans l'intelligence, ce poste difficile ; il in- dique la manière d'exercer le commandement. Enfin, il passe en revue les facteurs auxiliaires qui contribuent à l'exercice du commandement, ses organes. Après avoir traité, dans le troisième chapitre, des conditions du succès à la guerre, il aborde le détail des opérations et des combats, où les hommes du métier le suivront avec le plus vif intérêt. II examine ensuite la question des sub- sistances et des approvisionnements, si importante lorsqu'il s'agit de mettre en mouvement des millions d'hommes, comme on fait aujourd'hui, tous les hommes valides d'un pays. La bonne organisation des services d'intendance est capitale, et c'est d'elle en grande partie que dépend le succès d'une campagne. Il sera donc utile de voir la façon dont le baron de Goltz comprend la conduite de cette administration. Sa conclusion est que, pour bien faire la guerre, il faut demeurer strictement fidèle aux principes que l'on a formulés. Il y a une théorie pour l'art militaire, comme pour toute autre science. La connaissance pratique, la bravoure, sont in- suffisantes. Pour en tirer parti, il faut le cerveau qui pense, qui combine, qui dirige. Lisons ce livre et tirons profit des enseignements qu'il renferme. Que ceux-là surtout le méditent que leur carrière appelle à être les chefs dans la lutte déci- sive qui, tôt ou tard, ensanglantera l'Europe et qui, M. de Goltz le reconnaît, no saurait certainement être aussi courte que l'a été la désastreuse campagne de 1870. Elle sera longue et difficile, cette lutte suprême, et ce ne sera point trop alors de toutes les capacités et de tous les efforts pour rendre à la patrie les enfants qu'elle a perdus et au drapeau tricolore les lauriers d'iéna. C. LA VENIR. LES FLAMANDS, à propos de la mort d'Henri Consience, par PAUL MARIÉTON. — Lyon, H. Georg, 65, rue de la République, 1884. 2 fr. Les lecteurs delà Revue lyonnaise se souviennent des deux intéressantes études de notre collaborateur et ami M. P.M. sur le très remarquable mouvement ethnique et littéraire des Flamands de Belgique, faisant suite à ses travaux sur le sentiment de race en Europe. On comprendra l'intérêt de cette nouvelle publication quand nous aurons dit qu'elle est l'unique travail français sur la question néerlandaise.