page suivante »
226 LA REVUE LYONNAISE tiques adressées au peintre par des amis si pareils sont indulgen- tes ; je ne veux pas être moins bienveillant, et souhaite à M. Girin un meilleur emploi d'un talent dont l'effort est visible et digne d'encouragement. L'Œdipe maudissant son fils (511), de M. MARIUS R.OY, mé- daillé à Paris l'an dernier, est un retour vers les sujets classiques desquels les impressionnistes et tutti quanti nous ont fort éloignés aujourd'hui. Malgré toute la valeur de cette toile, je ne puis pas dire que ce retour soit absolument heureux. Le fils maudit est du dernier commun, il serre les épaules et baisse la tête comme s'il sentait s'abattre sur son occiput un formidable coup de bâton ; et de la bouche ouverte du vieillard, la malédiction sort comme une bombe d'un obus. Les deux figures d'Ismenie et d'Antigone sont intéressantes et adoucissent, par leur tonalité blanche, l'éclat trop cru du coloris de ce tableau. Au surplus, la critique est aisée et le sujet, paraît-il, a été im- posé à M. Roy, par un concours. Je reconnais volontiers les mérites de composition et d'exécution de ce tableau qui ne saurait passer nulle part inaperçu. Les étudiants débraillés, sectateurs de la cuiller, mandolinant, tambourinant, dans l'embrasure d'une sombre croisée de la renaissance espagnole, sont une œuvre brillante et amusante de M. MANUEL-AMELL, qui possède à fond son « Estudiantina » (351). La spécialité de MUc SALANSON est moins agressive et plus élé- gante. La Bonne Pêche (517) lui sert de prétexte, pour nous mon- trer une charmante jeune fille déguisée en pêcheuse. Pêcheuse d'opéra comique, qui aurait nom : Masaniella, si elle n'était évi- demment née sur les bords de la Manche, entre Trouville et Lion- sur-mer, mais elle est fine et jolie entre toutes les pêcheuses, quel que soit le nom qu'elle reçut au baptême et le pays qui la vit naître. Le talent de Mllc Salanson est de bon aloi, elle sait peindre et des- siner et ses débuts au Salon lyonnais où elle expose, je crois, pour la première fois, font bien augurer pour l'avenir. Les Deux Sœurs de M. TCHOUMAKOPF (548), n'ajouteront rien à la réputation de leur auteur, déjà consacrée parmi nous. Ces deux figures sont de pure convention, mais elles plaisent par leur charme étrange.