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                        L A B A T A I L L E DE. V I R E - C U L                          53

rentrèrent dans leur pays, abandonnant les Allemands. Ceux-ci,
surpris à Auneau par le duc de Guise, furent complètement battus
le 24 novembre. Le duc d'Epernon, qui avait si bien réussi auprès
des Suisses, entama des négociations avec les Allemands et le duc
de Bouillon, ainsi que le baron de Dohna, acceptèrent le 8 décembre
1587, à Marcigny-les-Nonains S une capitulation par laquelle i\
leur fut permis de regagner la frontière.
   M. de Ghastillon s'était opposé de tout son pouvoir à cette capitu-
lation; mais voyant qu'il n'y avait rien à gagner, il déclara aux
reîtres qu'il n'était point d'humeur à se livrer la cordeau cou au
Roi et à la Ligue et, suivi d'un certain nombre de gentilshommes
français huguenots, il quitta le 7 décembre 1587, au soir, l'armée
établie à Marcigny, à cinq ou six lieues de Roanne.
   Ce fut alors que commença, par un froid des plus rigoureux,
cette retraite hardie et aventureuse conduite avec la plus grande
habileté au travers des montagnes du Forez, du Lyonnais et du
Vivarais, couvertes de neige. La petite troupe se composait de 120
chevaux et de 150 arquebusiers à cheval 2, parmi lesquels se trou-
vait un des plus valeureux lieutenants de Chastillon, Jacques Pape,
seigneur de Saint-Auban 3, dont les mémoires, d'autant plus véri-

   1
     Marcigny, Saône-et-Loire. Ce fut dans ce village, situé sur les bords de la Loire,
que le duc d'Epernon, en l'honneur de la capitulation, donna un grand festin au duc
de Bouillon et à sa suite. Mais celui ci et plusieurs de ses gentilshommes étant morfs
peu de temps après leur arrivée à Genève, on soupçonna d'Epernon d'avoir empoi-
sonné ses convives. De là est venu le proverbe : Dieu nous préserve du dîner de
Marcigny.
   2
     Tel est le nombre indiqué par le sieur d'Aubigné dans son Histoire        universelle.
Maillé, 1616-1620. — L'auteur des Mémoires de ce qui s'est passé en l'armée du
roi de Navarre du 23 juin au 13 décembre 1587y insérés dans le Recueil A.Z.
lettre G, dit que la troupe se composait de 100 hommes d'armes et 500 arquebusiers
à cheval. — P . Mathieu, Zoo. cit. indique 100 hommes d'armes et quelques arque-
busiers.
   3
     Jacques Pape, seigneur de Saint-Auban, fils de Gaspard, arrière petit-fils du
célèbre jurisconsulte dauphinois Guy Pape et de Blanche de Poitiers d'AUan, fut
élevé dans la maison de l'amiral de Goligny et dut abjurer, pour sauver sa vie, lors
des massacres de la Saint-Barthèlemy. Il combattit avec Dupuy-Montbrun en 1573,
fut nommé gouverneur du Comtat-Venaissin en 1577 et commanda, en 1586, à Mil-
haud en Rouergue, sous M. de Ghastillon qu'il suivit à l'armée des reîtres. 11 avait
épousé, en 1572, Lucrèce de Pierre, dont il eut un fils,. Guy, et trois filles; son testa-
ment est du 15 janvier 1594. Une partie de ses mémoires, celle relative à la Saint-
Barthélémy et à la retraite de M. de Ghastillon, a été publiée par du Bouchet dans
les Preuves de l'Histoire de la maison de Coligny ; une autre a été insérée dans
les Mémoires[de la Ligue.