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                  DE LA PRIMATIALE DE LYON                          253
heures du soir, ils ne purent pas moins faire que de se
retirer et évader le mieux qu'ils purent ( 1 ) . »
   D'autres écrivains lyonnais ont aussi consacré quelques
passages de leurs œuvres au sac du cloître de Saint-Jean.
L'auteur anonyme du poème « De Tristibus Francorum, »
a raconté en vers latins, d'un mérite douteux,                   ce fait
douloureux et à jamais regrettable.
  Le passage du poème où l'auteur a été le mieux ins-
piré pour le fond, comme pour la forme, est peut-être
celui qui concerne l'église Saint-Jean. « Plut à Dieu, dit-il,
que les pierres criassent dans les temples, dans les cités où
les hérétiques ont fait de si grandes ruines! »

       Clamarenl utinam lapides per templa, per urhes,
       In quibus bœrelici tantas fecere ruinas.

   L'auteur reprend ensuite : « Que fait Lyon? l'inique, il
méprise le pain de vie, crime affreux ! alors toutes les


   (i) Le comte de Sault rendait compte au roi, jour par jour, des évé-
nements qui se produisaient à Lyon. Ainsi, il nous reste de lui, entre
autres, un de ces rapports adressés au Roi, le I er Mai, pendant qu'il
était encore bloqué dans le cloître. Il y disait, après avoir décrit l'in-
vestissement complet de la ville : « Ceulx de la nouvelle Religion me
tiennent assiégé avec Messieurs les Comtes de Lyon, de sorte, Sire,
qu'ils se peuvent dire maistres de toute la ville, fors du chasteau de
Pierre-Scize où j'avois mis des harquebusiers, mais il ne fault doubter
qu'ayant saisi l'artillerie, il leur sera aisé d'y entrer. »
   Quelque temps après la prise du cloître, le comte de Sault qui n'avait
plus qu'un pouvoir nominal à Lyon, voulut aller rejoindre le roi, mais
le baron des Adrets et le Consulat s'y opposèrent et le comte de Sault
manda au Roi, le 11 juin: « Pour obvier à mon département et l'em-
pescher de faict, ils m'envoyèrent cinquante harquebusiers pour ma
garde, m'ostant par là tout moyen de commander, » mais il obtint
enfin, le 30 juin, la permission « de se retirer en sa maison, » laissant
Lyon, qu'il n'avait pas pu, su ou voulu défendre, complètement au
pouvoir des protestants.