page suivante »
VIE DE JEAN DE PARTHENAY-LARCHEVÊQ.UE 229 des rebelles contre leur souverain légitime. A leurs yeux, celui-ci était prisonnier entre les mains des Guises. En re- courant aux armes, ils entendaient combattre pour sa liberté, et par conséquent servir sa cause comme ses fidèles sujets. Une page des Mémoires met en relief ce point de vue d'une façon aussi piquante que nouvelle. Un an après l'occupation protestante de Lyon, comme le roi et la reine-mère faisaient un séjour dans cette même ville, Soubise s'y rendit pour leur offrir ses hommages. Catherine de Médicis lui fit, comme précédemment, le meilleur accueil, et un de ces entretiens francs et contra- dictoires, comme ils en avaient eu souvent, s'engagea de nouveau entre eux. Soubise mit immédiatement la conversa- tion sur la prise d'armes de 1562. Il avait à cœur, moins de se justifier, que de savoir au juste le fond de la pensée de la mystérieuse Italienne. « Ce qu'il avait fait alors, lui disait- il, il l'avait fait par ce qu'il la voyait prisonnière avec le Roy et Messieurs ses enfants. Sur quoy la Reine appela M. le Connestable (Anne de Montmorency), afin qu'il ouyt ce que ledit sieur de Soubise disait, et luy dit : Mais que diriez-vous, mon compère, que Soubise atousjours opinion que le Roy et moi estions prisonniers ? — A quoi le Con- nestable respondit : Je le crois, Madame, car s'ils n'eussent pensé cela, ils estoient trop advisés pour faire ce qu'ils ont faict. » Cette déclaration, dans la bouche d'un homme au cou- rant, mieux que personne, des événements accomplis pen- dant les troubles et de leur cause, d'un témoin qu'on ne peut certes accuser d'indulgence en faveur du parti protes- tant, cette déclaration faite à Catherine de Médicis elle- même et au moment où elle cherchait à provoquer, de la part d'un de ses complices, un témoignage tout contraire, nous apparaît comme de la plus haute importance. N'avons-