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LA MER SAHARIENNE 129
lèvement récent et prononcé de la côte. Nous verrons plus
loin que l'étude attentive des textes conduit au même ré-
sultat ( i ) .
Mais il y a plus encore et d'autres observations géologi-
ques semblent indiquer dans cette contrée des mouvements
extraordinaires de dénivellation. A Constantine même, Ã
l'endroit où fut établie la batterie de brèche qui eut raison
de la fameuse forteresse, un énorme amas de cailloux, rou-
lés et noyés dans une arène argilo-sableuse, se dresse au
sommet d'une colline isolée, à sept cents mètres d'altitude
environ. Malgré l'imprévu d'un tel phénomène, sous une
latitude aussi basse, j'avais d'abord songé à rattacher ce
conglomérat à une action glaciaire (2); mais l'absence com-
plète de cailloux striés, l'orographie générale de la région,
qui ne laisse aucune place au cirque de réception et au
thalveg nécessaires à un grand glacier, m'avaient rendu fort
perplexe sur cette attribution, lorsque M. Tissot, ingénieur
en chef des mines de la province, qui termine en ce mo-
ment la carte géologique de la contrée, me suggéra l'idée
que cet amas de cailloutis pouvait être un ancien cordon
littoral, car cette formation se retrouve dans toute la ré-
gion, sur une ligne a peu près parallèle à la mer et dans des
conditions qui rendent difficilement admissible l'action
glaciaire, du moins telle que nous en relevons les effets en
(1) Si l'on suppose les environs de Gabès immergés seulement Ã
quelques mètres au-dessous du niveau actuel, on aura des atterrissages
très difficiles et très dangereux, une côte chaque jour recouverte et
chaque jour mise à sec par les marées qui sont, comme on sait, sensi-
bles au fond des Syrtes. Cette partie du rivage est si basse, en effet, qu'Ã
deux kilomètres dans l'intérieur, le niveau de l'Oued Melah, qui se jette
à huit minutes au nord de Gabès, n'atteint pas tout à -fait un mètre
au-dessus de la Méditerranée. (Roudaire, Mission des Chotts, p. 203,)
(2) E. Pélagaud. La Préhistoire en Algérie, p. 9.
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