Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                UNE ARRESTATION EN DACPHINÉ.                 471

 dent, le petit convoi, dont le major s'était insensiblement
 tort rapproché, fut arrivé à la porte de la ville, il y fut reçu
 par M. le président de Saint-André, qui, sachant mieux
 que personne les égards dus à des prisonniers de ce
 genre, s'y était, par cette raison, posté bien avant tout le
monde et y avait attendu plus longtemps que tout autre
n'eût fait à sa place.
   Ce ne furent d'abord, entre lui et ses nobles prisonniers,
que félicitations, politesses, offres de service et discours
de la plus exquise galanterie, propos bienséants à gens qui
ne s'étant jamais v u s , n'en prisent pas moins leur haute
naissance et leur noble fortune. M. de Saint-André les
conduisit enfin dans son hôtel, les traita avec magnifi-
cence, et mit, après le déjeûner, son propre carosse aux
ordres de Mme la duchesse, pour aller visiter les curiosités
et les monuments de la ville ; ce qui prouve bien qu'après
les guerres même on pouvait y admirer de fort belles cho-
ses , et que pourraient répéter aux étrangers nos conci-
toyens, qui ne savent que s'excuser gauchement, en disant
que tous nos édifices ont été détruits par ces parpaillots de
huguenots et par leurs incendies et damnables pilleries...
   Après cette visite, dont la chronique tire ainsi une juste
vanité, elle ne parle plus qu'à longs intervalles du jeune
ménage qui nous occupe. Les jours, les plaisirs, les af-
faires allaient leur bonhomme de chemin ; bien choyés et
fêtés par leur hôte et la brillante société dont il était le
centre. M. de Gaétan et sa délicieuse petite moitié se
faisaient à leur nouveau genre de vie et oubliaient aisé-
ment dans les plaisirs et leur malheureuse captivité et
leur imperceptible gouvernement, se desséchant encore
dans l'attente de leur venue. Ils avaient déjà fait connais-
sance avec toute la nombreuse noblesse de notre province,
et ils la charmaient par la singularité de leurs costumes
espagnols, leur esprit, leur grâce et, le croirait-on? jusque
par leur ignorance des coutumes françaises et le charme
qu'ils mettaient àenécorcher notre langue! Les femmes ai-