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               UNE ARRESTATION EN DAIÎPHINÊ.               469

dignités : «En agissant ainsi à la légère, lui dit-il, n'a-
« vait-il pas mis notre auguste souverain dans l'inévitable
« nécessité d'user envers lui de justes rigueurs, qui en sa
« considération seulement allaient lui paraître bien cruel-
« les!... Il se plaignit ensuite lui-même de tout l'ennui
« que lui apportait une démarche si inconsidérée, pei-
« gnit l'amer déplaisir qu'il en éprouvera toute sa vie,
« et termina en parlant de l'espérance qu'il avait conser-
« vée que sa conduite ne lui nuirait ni dans l'esprit de
« M. le duc ni même dans celui de M me la duchesse, de
« laquelle il se dit si fort le très-humble serviteur, qu'il se
« tiendrait pour mortellement affligé de lui déplaire en la
« moindre des choses et des plus minimes qu'elle fût... »
   Quand il eut si convenablement parlé de la sorte, les
mauricaudes deM m e la duchesse, qui jusqu'alors n'avaient
fait que trembler comme feuilles jaunies que va mettre bas
* a première brise d'automne , se prirent à larmoyer et à
pousser de grands cris de détresse ; en vérité on eût dit
qu'elles comprenaient la langue française, tant leur pru-
dence de femme les portait à se désoler d'avance pour, en
cas d'accident subit, n'avoir rien à se reprocher. [M. de
Gaétan leur ordonna de se calmer, il salua gracieusement
M. l'aide-major, le remercia avec dignité du service [que
lui et ses gens venaient de lui rendre en le tirant des mains
des furieux, puis s'étant excusé comme il put de son im-
prudence pour le sauf-conduit, il se remit tranquillement
dans sa litière et fit signe.à son muletier de suivre les or-
dres de l'officier de Sa Majesté.
   Les jeunes époux traversèrent le reste de la ville sans
témoigner le moindre trouble des cris qui continuaient à
les accompagner; seulement ils portaient de temps à au-
tre leurs mouchoirs sur leurs yeux, en gens de marque
qui ne veulent pas avoir l'air de sangloter; et Mme la
duchesse disait parfois en serrant bien tendrement le bras
de son mari : « Mon a m i , c'est moi, c'est cependant ton
 affection pour moi qui est cause de tout ce malencontre...»