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                 CONSIDÉRATIONS
                             SUR




 LES SOCIÉTÉS PROTECTRICES DE L'ENFANCE




   Je viens étudier dans la Revue l'une des principales cau-
ses de notre affaiblissement social et de notre déchéance
politique. Je veux parler de l'abâtardissement de la race,
résultat de l'allaitement mercenaire, surtout lorsque cette
fonction s'accomplit loin du toit paternel ; question grave,
qui n'a pas été suffisamment étudiée, quoiqu'elle mérite
la plus sérieuse attention.
   Le médecin, appelé à observer l'homme à tous les mo-
ments de la vie, se trouvedans les conditions les plus favo-
rables pour apprécier les bonnes et mauvaises coutumes
qui modifient en bien ou en mal les forces physiques et
morales. Mais aussi, plus que d'autres, le médecin est
exposé, par ses études, à vivre dans un courant d'idées
dont la puissance l'entraîne souvent au-delà du vrai et lui
fait accepter des opinions, quelquefois des erreurs, dues au
progrès de la science ou plutôt à sa marche aventureuse.
   Nous ne nous dissimulons pas les difficultés que nous
aurons à vaincre pour faire accepter la doctrine exposée
dans ce travail, non qu'elle soit obscure, mais parce qu'elle
choque les préjugés anciens, contrarie des habitudes enra-
cinées dans les mœurs, et surtout parce que la science
contemporaine contribue à les accréditer.
  Il nous a donc paru nécessaire, avant d'aborder le sujet
principal de ce mémoire, de jeter un coup d'œil rapide sur
les théories qui régnent aujourd'hui dans la plupart des
écoles et qu'il est nécessaire de combattre.