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l/AFFUT DU X.O0P BLANC, 803 difficultés ainsi aplanies, on avait abandonné les hautes considérations sociales, et l'on parlait du loup blanc. — Mais qu'est-ce que le loup blanc? — C'est, me direz-vous, un des meilleurs romans de Paul Féval. — Sans doute, mais Paul Féval, si populaire qu'il soit, n'est pas connu à la Roche. Le feuilleton n'a aucun succès dans le pays. Les faits divers , à la bonne heure! Tout ce qui est écrit au-dessous de cetle grande ligne, dit maître Corniflet en posant son doigt maculé d'encre au tiers in- férieur du journal, pures inventions ! mais tout ce qui est au-dessus est arrivé... Pauvre Corniflet !... Le loup blanc auquel nous avons affaire n'est donc pas un chouan; mais, sans compter la nuance de sa fourrure, ce n'est point un loup comme un autre. Il est de la taille d'un baudet, quelque peu sorcier et fort original. Hâtons-nous de le certifier, il n'a qu'une parenté douteuse avec le loup-garou, qui d'ailleurs est tout noir,.chacun le sait. Il ne hurle pas lugubrement pour effrayer les femmes enceintes ; il ne mange ni bêtes ni gens et vit d'une certaine terre brune, assez clair- semée, paraît-il, car il erre sans cesse à la recherche de ce piètre aliment. Piètre aliment! entendons-nous : pareil ré- gime ne doit guère l'engraisser, mais cette ambroisie fantas- tique prolonge sa vie indéfiniment, et peut-être le loup blanc de la Roche fut-il le contemporain des 300 renards que Sam- son accoupla d'une si plaisante façon. Malgré tant d'excellentes qualités, le loup blanc est un particulier de fâcheuse rencontre. Une meute de loups or- dinaires le suit à distance dans l'espoir toujours déçu de connaître la fameuse terre brune, pour devenir immortels et blancs. Ils croquent, en attendant, le plus de moutons pos- sible. De plus, on soupçonne le loup blanc d'avoir accoin- tance avec le malin. Si quelque chasseur incrédule lui envoie une balle, le