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444 L'ANGE DÉCHU. Puis, s'abandonnant dans le vide, Plutôt de dépit que d'espoir, Sur la plus haute pyramide Elle s'arrête pour mieux voir. C'était l'époque où la rivière Dont le berceau n'est point certain Franchissant soudain sa barrière Change l'Egypte en un jardin. D'abord c'est comme un lac immense; Les villes flottent sur les eaux, Et les arbres dans la distance Ressemblent aux mats des vaisseaux. On- dirait Venise la belle, Conduite par ses gondoliers, Promenant sa douce nacelle A l'ombre de ces beaux palmiers. Puis c'est un immense parterre Qu'anime le bruit des chansons; Hier les eaux couvraient la terre Aujourd'hui ce sont les moissons. Fut-il jamais plus beau spectacle Que cefleuveaux alluvions, Tandis qu'ailleurs on met obstacle A de telles invasions?