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360 LÉGENDES DE LA VILLE B'ARS. Du reste, est-ce bien Jules César, qui s'appelait aussi Caius, que Suidas a entendu mettre en scène? Je ne suis point un helléniste et je commets peut-être quelque hérésie ; mais il me semble qu'alors il n'aurait pas dit T U Si amuapoç O ratou, mais bien T U Sk r«îou Katuapoç, et qu'en s'exprimani O ainsi il a voulu parler, du césar Caius, c'est-a-dire de Caligula, et non de Julius ou Caius César dont le nom n'était point encore devenu un titre impérial. A moins que Suidas, qui écrivait, à ce que l'on croit, au Xe siècle, n'ait encore con- fondu l'un avec l'autre!... C'est h s'y perdre. Mais je m'arrête : je n'ai nulle velléité de chercher à ré- soudre cette question; je me borne à soumettre mes doutes. Je sais fort bien que Caligula borna ses exploits, sur les côtes de l'Océan, à ramasser des coquillages et à faire des rico- chets..... Mais qui sait s'il ne s'est pas trouvé.des écrivains dont la lâche adulation lui aura peut-être attribué quelque siège imaginaire? N'a-t-on pas, de nos jours, dans un but de flatterie dynastique et sans respect pour la dignité de l'his- toire, travesti Napoléon Ier en général en chef des armées de Louis XVIII !... On retrouve les mêmes petitesses à toutes les époques. Tout cela sent peut-être l'argutie, mais je me crois en droit de suspecter Suidas dont, ainsi que je l'ai dit plus haut, le lexique est fait sans jugement et fourmille des erreurs les plus capitales; et j'ai voulu protester contre l'interprétation erronée d'un texte qui n'offre ni la certitude ni l'importance qu'on a voulu lui donner, interprétation que l'autorité de MM. Troyon et Ducis tendrait h faire accepter comme parfai- tement établie. Ces honorables écrivains peuvent voir, par ce qui précède, que le témoignage qu'ils invoquent ne renferme pas un mot qu'on puisse attribuer sûrement à des habitations lacustres, ni peut-être a César lui-même.