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ON NE CROÎT PLUS A RIEN. 327 Vous avez voulu, elle obéit, c'est son métier ; elle obéit comme elle peut, au hasard. Aussi, ne lui demandez bien que ce qu'elle sait faire, et soyez sûr qu'elle n'ira pas plus loin. Vous voulez qu'elle écrive? Lui avez-vous appris d'abord ? Sans cela elle n'écrirait pas, sachez-le , elle barbouillerait. Vous l'y avez dressée , a la bonne heure : alors elle tracera avec les caractères qu'elle sait des incohérences et des absurdités. — Mais enfin, elle écrit sans que ma volonté y soit pour rien. — Oh! pardon, il vous semble, mais c'était votre première et très-formelle volonté, vous ne lui demandiez justement que cela.— Mais ce n'est pas mon esprit qui la guide, miracle!., c'est un autre ! — Pour l'honneur du vôtre, monsieur,' j'aime a le croire. Non ce n'est pas le vôtre, c'est le sien; et comme elle n'en a pas, hâtez-vous de croire aux balivernes de hasard qu'elle trace pour vous être agréable, et vous ne tarderez pas a devenir aussi stupide qu'elle! Allez, j'ai bien étudié ce prétendu surnaturel, c'est pué- ril. Il y a bien, au premier abord, comme une surprise, dans ce débat entre l'esprit et la matière ; celle-ci, dans son trou- ble, se convulsé d'une manière assez originale , qui produit un semblant d'illusion ; mais en y regardant de plus près , c'est d'un naïf a faire mourir de rire, que d'y chercher l'in- tervention mystérieuse d'un esprit étranger : on n'y trouve cet esprit-là que lorsqu'on a perdu le sien!... — ..... Alors.... Bobin....il n'y a de sérieux que la ven- triloquie ? — Quand je vous le disais!! en fait d'esprits, voyez- vous, nous n'avons rien comme le ventre pour parler!., — Eh bien!.... alors, allons dîner, Bobin! Et nous entrâmes chez Bonfils.