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ON NE CROIT PLUS A.RIEN. 315 et je retombai anéanti.... ce n'était pas de lui! je connaissais trop bien son écriture. Attéré comme moi, le médium regardait avec stupeur la malheureuse lettre, que j'avais jetée à terre avec fureur. Après un instant d'accablement, je lui fis signe de la ramasser et de l'ouvrir, s'il voulait, comme chose sans im- portance. Il la décacheta, non sans peine, tant il tremblait Un cri terrible sortit de sa poitrine il voulut parler, mais hors d'état de rien articuler il se mit a gambader follement par la chambre, élevant le papier au-dessus de sa tête Sur quoi je me levai, et, sans autre explication, je me mis a danser avec lui de confiance une polka frénétique.... sou- tenue de hurlements assortis !!!,... La mère Mouchereau, que la curiosité retenait derrière la porte, hasarda un œil, puis deux, et son visage de Méduse nous arrêta court. — Si c'était une attaque de choléra!... murmura-t-elle en se sauvant h toutes jambes — Pourvu qu'elle n'aille pas chercher la garde !. pensai- je, en retombant épuisé sur une chaise, pendant que mon partner en délire allait s'étendre sur mon canapé. Comme je lui avais arraché la lettre des mains, je pus enfin me donner la satisfaction d'en lire le contenu, après en avoir deviné à l'avance la consolante signification. — « Monsieur, j'ai reçu en déport pour votre compte, « des mains de M. Ravinel, douze actions du Crédit Mobi- « lier; veuillez me faire savoir s'il vous convient delesreti- « rer, fin courant.... J'ai l'honneur... X., agent de change, a rue de la Bourse, 59. — » Et c'était tout ; c'était aussi simple et aussi grand que cela !