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                ON NE CROIT PLUS A RIES.                  173

   Décidément son commerce avec les esprits paraît lui avoir
profité, pensai-je.
   — Mais, Monsieur, j'avais pensé que dans ma position...
   — Qui, je comprends; mon prospectus est bien tombé :
si vous n'aviez pas perdu vos mobiliers, vous vous seriez
contenté d'en rire à cœur joie. Mais, ne sachant h quel saint
vous vouer, après avoir ri du bout des lèvres, vous avez ré-
fléchi ; vous aviez besoin d'un miracle, et, malgré le burles-
que de l'annonce, vous avez espéré qu'il pourrait se faire:
on croit toujours à ce que l'on désire.... Enfin, conclut-il,
d'un ion amer, ce sont la de nos chances; il faut bien que
tout le monde vive...
   Il se lut un instant et sembla se plonger dans de pénibles
réflexions, qui jetaient sur son visage un reflet douloureux.
   Ah !.ça. . que dit-il donc? — Dois-jc inférer de vos paro-
les, Monsieur, que, vous-même, vous ne croyez guère aux
vérités nouvelles dont vous êtes le ministre?
    — Moi ! s'écria-l-il, comme réveillé en sursaut et repre-
nant toute sa présence d'esprit, oh ! Monsieur, vous m'a-
vez mal compris. Ce qui m'afflige et me décourage, je vous
l'ai déjà dit, c'est de voir l'humanité se méprendre sur le
sens et le but des grandes révélations que nous lui appor-
tons. Je souffre, non pas de l'incrédulité qui nous repousse,
mais des mobiles houleux, de la foi, lorsque je la rencontre;
je souffre quand je vois le plus souvent, chercher dans ces
 communicalions surnaturelles, non la confirmation des gran-
 des vérités moral.'.s et religieuses, mais la satisfaction des
 petits intérêts et des petites passions humaines.
    Cet homme si délicat commençait a m'impalienter légère-
 ment.
    — Mais, sapristi, Monsieur, il y a de petits intérêts hu-
 mains qui sont pourtaut très-respectables. L'amélioration
 des hommes est une belle chose sans doute, mais avant