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                 LÉGENDES DE LA VILLE D'ARS.                   1S7

corps dans leur cimetière et élevèrent une croix de bois noir
sur la place où il avait perdu la vie. Depuis cette époque,
ce monument pieux a toujours été religieusement renouvelé,
quand cela est devenu nécessaire, et, tous les ans, de nom-
breux pèlerins, en se rendant à la chapelle de la Vierge,
cueillent des fleurs dans la forêt et les déposent au pied de
la croix du Moine mort.
    « J'ai vu souvent, ajoute mon respectable correspondant,
des femmes se jeter a genoux au pied de cette croix, en
disant : Que Dieu pardonne a l'assassin du Moine mort !...
M. l'abbé *" m'a certifié l'exactitude de ce récit- — Mon
père, né à Bizonnes, fut à l'âge de quatorze ans, conduit
au couvent de la Sylve par mon aïeul, qui, en passant, le
lit agenouiller devant cette croix et lui dit qu'il n'y avait
pas longtemps qu'on avait tué un religieux en cet endroit.
Mon père resta trois ans au couvent ; mais, ne se sentant pas
de vocation pour l'état religieux, il en sortit et se maria en
1787. Il avait 25 ans a cette époque. »
    J'ai cru devoir donner, quoique un peu intimes, ces der-
niers détail dus a l'obligeance de mon correspondant, la date
du mariage de son père, combinée avec son âge à cette épo-
que, nous indiquant a peu de chose près celle de l'événe-
ment que je viens de narrer.
    J'ai achevé la première partie de ma tâche.
    Après avoir, dans une analyse , aussi fidèle qu'il m'a été
 possible de la faire, attrib'ué h chacun des écrivains qui m'ont
 précédé ce qui lui revient dans la construction de l'édifice
 bigarré et trompeur que nous avons sous les yeux ; après
 avoir démonlré comment la légende, dans ses pérégrinations
 à travers les siècles.
         Passe de bouche en bouche et s'accroît en marchant,
pour venir, de nos jours, étalerdevantvoussonluxede con-
tre bande 5 il me reste a séparer de ces matériaux, distribués