page suivante »
22 ALLOBROGES.' et des lieux qui en sont les témoins et même les auxi- liaires. « Annibal, ayant passé la Durance (ou le Drac), seren- « dit au pied des Alpes, presque toujours par des pays de « plaines, et sans être inquiété par les Gaulois qui habi- « tent ces contrées. La renommée, qui grossit d'ordinaire « les objets inconnus, avait d'avance prévenu les esprits : « cependant, vus de près, la hauteur des monts, ces nei- « ges se confondant presque avec le ciel, des huttes gros- ci sières placées sur des rochers, des bêtes de somme et « des bestiaux grésilles de froid, des hommes sauvages et « hideux, tous les êtres vivants et sans vie durs comme « glace, cette nature, plus affreuse encore à contempler « qu'à dépeindre, renouvelèrent les terreurs. L'armée s'é- « chelonnait sur les premières éminences lorsqu'apparu- « rent les Montagnards perchés dans les vallons; ils au- « raient pu, en se levant tout à coup pour combattre,semer « au loin l'épouvante et le carnage. Annibal ayant « su que le défilé n'était gardé que de jour, et que, la nuit, « les Barbares se retiraient chacun dans leur hutte, il « s'avance dès le matin sur les hauteurs, comme pour « forcer le passage en plein jour, et à la vue de l'ennemi. » Le récit de Tite-Live est en tout conforme à celui de Polybe quant au stratagème d'Annibal et à ses résul- tats, seulement l'historien, en parlant du combat, dit: « Comme d'immenses précipices bordaient de chaque côté « le défilé, le désordre en fit tomber plusieurs au fond de « l'abîme, quelques-uns même tout montés. » Puis, ar- rivant à la prise de la ville citée par Polybe, l'historien latin s'exprime ainsi: « Ensuite Annibal s'empara d'un « fort, chef-lieu de cette contrée et des bourgades envi- « ronnantes. » Enfin, Annibal « arrive dans un canton assez peuplé