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823 Dans ses GéOrgiques, Virgileavaitsatisfait ce besoin, en quel- que sorte primitif, du peuple souverain; mais il songeait aussi depuis longtemps à en contenter les instincts politiques. Il est assez probable qu'avant même d'écrire les Bucoliques, il s'é- tait exercé à composer un poème sur l'origine de la puissance d'Albe et de Rome : Cum canerem reges et prœlia, Cynihius aurem Vellit, etadmonuit : pastorem, Tityre, pingues Pascerc oportet oves, deductum dicere carmen (1). Les épisodes des Géorgîques semblaient être une transitio naturelle que le poète se ménageait pour retourner aux œu- vres épiques qui avaient préoccupé sa jeunesse. A l'âge de quarante deux ans, au moment où il vit Octave, vainqueur d'Antoine, et maître du monde, rentrer à Rome sur son char de triomphe , il commença son Enéide , pour célébrer, dans le berceau môme de la ville éternelle, non pas seule- ment, comme on l'a dit, l'homme qui allait la mettre sous son autorité, mais l'ordre nouveau que cet homme voulait réaliser. Virgile travailla à ce poème environ onze an- nées; il venait d'en tracer les derniers vers; il faisait voile vers la Grèce dont les beaux sites et les loisirs lui auraient permis de donner à son œuvre la perfection qu'il rêvait pour elle; il rencontre Auguste qui retourne à Rome ; il se décide à l'y suivre; mais, pris par une langueur mortelle, à peine a-t-il touché la terre, qu'il expire, le 22 septembre, l'an de Rome 735; en mourant, il demanda qu'on plaçât sa tombe près de^Naples, et qu'on brûlât l'Enéide qu'il pe considérait point comme achevée : Auguste, à qui il avait lu trois chants de son poème, ne lui accorda que le premier de ses vœux. Cette Grèce qu'il ne fut pas donné à Virgile de visiter, don (1) Eclog. VI.