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Dans ses GéOrgiques, Virgileavaitsatisfait ce besoin, en quel-
que sorte primitif, du peuple souverain; mais il songeait aussi
depuis longtemps à en contenter les instincts politiques. Il est
assez probable qu'avant même d'écrire les Bucoliques, il s'é-
tait exercé à composer un poème sur l'origine de la puissance
d'Albe et de Rome :
           Cum canerem reges et prœlia, Cynihius aurem
           Vellit, etadmonuit : pastorem, Tityre, pingues
           Pascerc oportet oves, deductum dicere carmen (1).


Les épisodes des Géorgîques semblaient être une transitio
naturelle que le poète se ménageait pour retourner aux œu-
vres épiques qui avaient préoccupé sa jeunesse. A l'âge de
quarante deux ans, au moment où il vit Octave, vainqueur
d'Antoine, et maître du monde, rentrer à Rome sur son char
de triomphe , il commença son Enéide , pour célébrer,
dans le berceau môme de la ville éternelle, non pas seule-
ment, comme on l'a dit, l'homme qui allait la mettre sous
son autorité, mais l'ordre nouveau que cet homme voulait
réaliser. Virgile travailla à ce poème environ onze an-
nées; il venait d'en tracer les derniers vers; il faisait voile
vers la Grèce dont les beaux sites et les loisirs lui auraient
permis de donner à son œuvre la perfection qu'il rêvait pour
elle; il rencontre Auguste qui retourne à Rome ; il se décide
à l'y suivre; mais, pris par une langueur mortelle, à peine
a-t-il touché la terre, qu'il expire, le 22 septembre, l'an de
Rome 735; en mourant, il demanda qu'on plaçât sa tombe près
de^Naples, et qu'on brûlât l'Enéide qu'il pe considérait point
comme achevée : Auguste, à qui il avait lu trois chants de son
poème, ne lui accorda que le premier de ses vœux.
  Cette Grèce qu'il ne fut pas donné à Virgile de visiter, don

  (1) Eclog. VI.