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485 coup de faveur, et elle valut au jeune statuaire une mé- daille d'or. C'était la première fois que Paris voyait un ouvrage de Legendre et entendait prononcer son nom, aussi l'exacti- tude du modelé frappa-t-elle si vivement les artistes, que plusieurs, sans y réfléchir sans doute, l'accusèrent de l'avoir moulé sur nature. Dans la jeunesse, 1 amour—propre est généralement peu susceptible et irritable; la critique ne fait que l'effleurer, les éloges seuls le touchent 5 et Legendre ne fut sensible qu'à la médaille qu'on lui avait décernée. Toutefois, il ne se laissa aveugler sur son mérite réel, ni par un tel succès, ni par l'honneur que faisait rejail- lir sur lui, le poste qu'il occupait à l'Ecole lyonnaise ; il sentit que son talent avait un besoin indispensable de se perfectionner à Paris et à Rome. Les hommes qui veillaient alors sur les intérêts, les destinées et la gloire de la cité, surent le comprendre 5 M. Rambaud maire, et M. de Le- say-Marnésia, préfet, obtinrent pour lui, du ministre, M. de Caze, un congé de deux, ans, sous la condition ex- presse qu'il s'engagerait à reprendre, à son retour de Rome, sa place de professeur à l'Ecole de Lyon ; qu'il l'occuperait pendant au moins six années et qu'il exécute- rait pour cette ville deux statues de grandeur naturelle. Tous ces engagements ont été fidèlement tenus. Fixé dans nos murs depuis qu'il a quitté Rome, Legen- dre n'a jamais cessé d'y être honoré pour son mérite, et estimé pour son caractère. Allié à une famille en posses- sion d'une considération bien acquise, il a trouvé, dans son sein, de douces jouissances qui l'ont souvent consolé des tracasseries et des ennemis que lui ont suscités tantôt la ja- lousie, tantôt la déloyauté des hommes.