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FEUILLES AUX VENTS, poésies d'Aum DE LO-Ã, un vol. in-8°. — Lyon, im-
   primerie de L. Boitel. — 1840, chez tous les libraires. —Prix : 6 fr.

   Les lecteurs de la Revue connaissent la vie aventu-
reuse et tourmentée d'Aimé De Loy., qui nous a été re-
tracée d'une manière si saisissante par M. A. Couturier,
dans une notice qui figure en tête des Feuilles aux vents.
Cette existence, qui ne fut qu'un perpétuel voyage, expli-
que comment le poète, avec un talent capable d'une grande
œuvre, a dépensé son inspiration en fragments semés avec
insouciance dans tous les pays qu'il a traversés. Comme
Béranger l'a dit de lui, il ne lui a manqué que le temps de
s'asseoir pour relire et retoucher ses Å“uvres, il mourut en
condamnant lui-même ses vers à l'oubli, avec cette cons-
cience de l'homme qui sent qu'il n'a pas fait tout ce qu'il
pouvait faire, et que le temps lui a fait défaut pour s'em-
parer de son idéal. De pieuses mains ont restitué aux amis
de la poésie les nobles prémices de son génie. Sa voca-
tion, si tristement interrompue, éclate à chaque page de
ce volume. Un monument inachevé peut donner la me-
sure de la puissance de l'artiste. Le vrai poète et le vrai
peintre se décèlent à leurs ébauches. Personne ne se mé-
prend sur leur valeur parmi ceux qui ont reçu quelque étin-
celle du feu sacré; il y a entre tous les membres de la grande
famille de la muse, une franc-maçonnerie intime, qui
leur fait reconnaître un frère au moindre signe. Combien
de poètes qui n'ont chanté qu'à deux, et dans l'ombre,
et qui ont fait leurs preuves, pour les plus sévères, dans
un sonnet, dans une strophe. Dix vers peuvent renfermer
la perle qu'on chercherait en vain à travers dix volumes.
Quelques fragments, voués au feu comme l'Enéide, ont