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 qu'on lui payait par douzième, comme nous l'avons dit, il,conçut l'idée bien bi-
 zarre de les augmenter d'un septième. Pour cela il divisa l'année eu quatorze
 mois , au lieu de douze , en étant quatre à cinq jours à chacun, des anciens. Il
 appela ces deux mois augustaux, et les impôts, au lieu d'être répartis sur ceux-
 ci , augmentèrent au contraire dans la même proportion que les autres.
    Ce nouveau genre d'exaction excita la clameur générale des Gaulois, et Au-
guste étant venu à Lugdunum, on lui porta de graves plaintes contre Licinius.
 Ce prince les écouta avec bienveillance, efjustement indigné contre le préfet, il
se disposait à lui faire subir le châtiment de ses concussions.
    Mais Licinius se joua effrontément du mécontentement des Gaulois : dès qu'il vit
Auguste courroucé contre lui, et craignant d'encourir sa disgrâce, il l'emmena
dans le palais qu'il occupait au Mont-d'Or (1) : là il étala à ses yeux des sommes
énormes d'or et d'argent qu'il avait amassées-.« Prince , lui dit-il, j'ai enlevé
 « toutes ces richesses aux Gaulois, afin de les mettre hors d'état de se soulever
 « contre Rome et l'empire; mais c'est pour vous que je les ai recueillies. Cet or
 « vous appartient; vous pouvez en disposer dès à présent. » Un argument aussi
péremptoire radoucit tout-à-fait Auguste, qui rendit ses bonnes grâces à l'auda-
cieux affranchi. (Dion. I. il.Rom. 1, S4. )
    Auguste abolit cependant ces tributs mensuels, et les remplaça par un impôt
quinquennal, c'est-à-dire qu'on ne payait que tous les cinq ans. Cet impôt fut levé
dans la suite par l'empereur Majorien, car la Gaule était épuisée.
    Auguste avait en outre établi dans la Gaule lyonnaise un droit de 5 p. 100,
sur les successions collatérales, mais Trajan le supprima, ne pouvant souffrir, dit
Pline le jeune, dans le panégyrique de ce prince, que les larmes des parens
fussent sujettes à un impôt. Lacrymas parentum esse yectigalia.           0. M.



                         ESQUISSES SUR LA FRANCE.

    Extrait des Souvenirs de FrédéricMalhisson, bibliothécaire de Stuttgart (l).

    1790. « . . Lyon, comme ville manufacturière , ne doit pas voir avec sympa-
tie, une révolution qui menace d'une stagnation complète le commerce de tous
les objets de luxe en général. Le royalisme est très-répandu dans cette ville; il pé-
nétre dans toutes les classes et s'exprime avec énergie dans les cafés, les auber-
ges , les corps-de-garde, les tavernes et même au théâtre. Lorsqu'on chanta dans
ce dernier lieu l'air célèbre : 0 Richard, 6 mon roi ! l'univers l'abandonne, les ap"

    ( i ) Ce nom lui fut donné alors en mémoire de ce fait ; la tradition le lui a conservé. De nos
jours il rappelle aux gourmets le souvenir des fromages délicieux qui de là sont exportés dans
toute la France,
 ( r ) Voyez la NOUVELLE REVUE GERMANIQUE , tome v i l , pages 309 et suty, ; VIII, pages %•} et suiv.