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 cessoire obligé du plus beau jour de sa vie ; je veux dire de la
plus belle nuit ! — Encore un fameux farceur, votre H e r n a n i ,
s'écria l'artiste ; j'aime mieux Robert Macaire , cependant. C'est
 plus amusant. — L'autre interlocuteur ne s'interrompit point :
Ma foi, dit-il, s'il est v r a i , comme le prétend Milton^ qu'un livre
est la substance même de l'esprit qui l'a produit, réduite et e m -
baumée pour lui survivre , que diable va penser de nos esprits la
postérité qui visitera nos nécropolis littéraires ? Ne dirait-on pas
que tout l'art actuel consiste à prendre en masse les mauvaises
passions de la nature humaine, à les placer comme des grains de
diverses couleurs dans la boîte d'un kaléidoscope, à tourner et
retourner l'instrument, en ayant soin de copier le plus fidè-
lement possible les mille combinaisons de son jeu? Ah ! les jolis
dessins que vous allez obtenir avec ce système-là?
             Aimez-vous 1'adullère? on en amis partout.
             Cet inceste est, ma foi, du plus merveilleux goût !
   Savez-vous ce qui résultera de tout cela ? — Hélas ! soupira l'ab-
bé , au train dont vont les choses , nous p o u m o n s bien revoir le
temps où les femmes les plus nobles et les plus pures faisaient
leurs délices des jeux du Cirque etdes spectacles, tels qu'Hercule
sur le ,Mont-OEta, ou Prométhée sur le Mont-Caucase, dans les-
quels un criminel condamné à m o r t , jouait le principal rôle et
donnait à la représentation une épouvantable vérité. — Oh! pour
le c o u p , répondit le peintre , ce serait un lier progrès ! le bour-
reau serait pensionnaire du Théâtre Français et comédien du roi...
Nous pourrions bien voir ç a , comme vous d i t e s . — N o u s n'en
viendrons point l à , tout au contraire , reprit notre français, m o n
opinion e s t , qu'avant très-peu de temps nous serons de retour
aux pastorales floquetées , voire même aux bouquets à Chloris.
En littérature comme en hygiène, après une inflammation, la
diète blanche et l'eau tiède ; c'est la règle.
   J'aurais eu bien des choses à objecter à tout c e l a , moi qui crois
avec un écrivain de mes amis, que nous marchons à une régéné-
ration complète ; que la nuit du tombeau n'est plus devant nous ,
mais derrière; que la nuit du t o m b e a u , c'est l'époque qui s'en va,
c'est ce siècle où tout est venu s'engloutir et dont rien n'est sorti ;
ce siècle insulteur, haineux et l â c h e , ignorant et menteur , qui