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                             -:   IIS»-
 dentelures, me font penser que Éouis Waiiiboglem en a été le
 principal architecte, et que les décorations intérieures, les rin-
 ceaux, les feuillages, les contours si moelleux, les ornemens
qui s'entrecroisent et se multiplient, ont été exécutés par les
artistes italiens. Nous voyons, en effet, dans des manuscrits con-
temporains, que les fallagiers, dirigés par Gilles Vamhelli et
 par Conrad Meyt, suisse d'origine, étaient en grande partie ita-
liens. Le style pur qui préside à ce sanctuaire, à la forme géné-
r a l e , et aux statues m ê m e les plus délicates, a beaucoup de cet
esprit cordial allemand, qui exprime d'une manière naïve tout
ce qu'il sent. Les figures sur bois qui décorent les stalles, et qui
toutes sont d'un genre tordu , sans être maniéré , sévère, et
cependant bizarre et original, comme conception , ne peuvent
être que le travail d'ouvriers venus d'oulre-Rliin. Je ne veux
point exprimer ici, d'une manière tranchante, une opinion q u i ,
pour m o i , est une conviction acquise par mes observations sur
l'école allemande, surtout quand mes remarques particulières
sont contrariées par la tradition. La tradition a un empire à elle ;
pareille à la vieille royauté, qui ne vivait que de souvenirs ! elle
aussi est respectable par l'antiquité de ses ruines et par la lierre
moussu qui tapisse ses décombres : respect donc aux vieilles
traditions , et je vais vous les dire : il y en a deux et toutes deux
élèvent leurs voix en faveur d'André Colomban.
     Cet artiste avait entrepris d'achever l'église de Brou, moyen
nant une somme d'argent que devait lui donner Marguerite d'Au-
triche. Ses projets et ses premiers travaux promettaient un m o -
nument somptueux , tel que le désirait la princesse, et l u i , plus
envieux de gloire que de richesse , apportait tous ses soins à
cette entreprise ; mais son plan hardi l'entraîna dans de grandes
dépenses. Effrayé tout à coup de la disproportion existant entre
les sommes qui lui étaient promises et l'édifice qu'il avait à
a c h e v e r , il renonça à une gloire qui eût compromis son inté-
grité, se retira dans une solitude , et là vécut seul pendant six
m o i s , désespéré de n'avoir pu achever, comme il l'avait com-
m e n c é , ce monument auquel il avait consacré son génie. Parfois,
cependant, l'amour de son art le reprenait au c Å“ u r ; il allait
alors silencieusement, tandis que les ouvriers étaient occupés Ã