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    Le Cabinet de Jacques Stella

    Rendre sensible le patrimoine écrit, c'est-à-dire le savoir, tel était l'objectif, peut-être utopique, que nous fixions à notre bibliothèque lors du lancement de Gryphe. Nous évoquions alors la perspective d'une bibliothèque-musée qui se déploierait dans les trois dimensions et non seulement dans la frontalité abstraite de la page, une concrétisation de l'espace mental en quelque sorte, dont cette revue nous donnerait un avant-goût.

    La belle exposition que nous offre le Musée des Beaux Arts de Lyon avec le Cabinet de Jacques Stella nous donne déjà une idée saisissante de cette utopie. En reconstituant avec des exemplaires de nos collections une partie substantielle de ce qui fut, sans doute, la bibliothèque et le cabinet des estampes du grand peintre, elle affronte avec succès un défi : recréer le « laboratoire de connaissances » qui, du concept au sensible, a conduit le peintre à son oeuvre et rendre palpable ce qui dans la peinture relève de l'intellect.

    Certes, l'exemple de Jacques Stella, émule de Poussin, illustre particulièrement bien une dialectique que l'on sait typique de l'âge classique, ne serait-ce que parce que celui-ci l'a théorisée. Mais toute oeuvre, quelle que soit l'époque ou le lieu, qu'il s'agisse d'un roman ou d'un tableau, ne procède-t-elle pas finalement du même échange entre des registres que l'on sépare pour mieux les confondre ? C'est pourquoi, l'exposition du Musée des Beaux Arts a valeur d'exemple. Elle incarne parfaitement ce qu'il convient de faire lorsqu'on veut mettre en scène la pensée. Puisse ce numéro de Gryphe vous en laisser entrevoir un aperçu.