Enrichir les collections pour préparer l'avenir
Il y a trois ans, nous recevions en dépôt la prestigieuse bibliothèque jésuite des Fontaines, dite de Chantilly - une collection encyclopédique riche de près de 500 000 livres et documents iconographiques imprimés de la fin 15ème siècle à aujourd'hui.
Aujourd'hui, nous accueillons la partie littéraire et artistique (25 000 volumes) d'une autre collection jésuite, presque aussi renommée que la première, la Bibliothèque slave de Paris (conservée jusqu'à maintenant au centre d'Etudes Russes Saint-Georges de Meudon), tandis que son très important secteur religieux, philosophique, historique et politique, ainsi que ses collections complètes de journaux et de revues russes, soviétiques et de l'immigration (en tout, près de 55 000 volumes) rejoignent la bibliothèque de l'Ecole Normale Supérieure de Lyon.
Cette bibliothèque slave - à vrai dire principalement russe - est certainement l'une des plus remarquables d'Europe occidentale. Elle est constituée de deux ensembles : d'une part, la bibliothèque du Prince Ivan Gagarine, devenu jésuite en 1842, et, d'autre part, la bibliothèque propre du Centre Saint-Georges, qui, de 1921 à nos jours, aura été en prise directe sur la vie intellectuelle et politique de la Russie du 20ème siècle, et en aura recueilli, grâce aux multiples contacts de la Compagnie de Jésus, quantité de précieux témoignages, difficiles à trouver ailleurs.
Avec cette nouvelle acquisition notre bibliothèque continue à poursuivre l'un de ses principaux objectifs : contribuer à affirmer le rôle de Lyon comme métropole européenne. En effet, dans l'Europe de demain, la vitalité des grandes cités, aussi technologique et économique qu'elle doive être, ne sera pas séparable d'une prise en compte de la mémoire et plus spécialement de la mémoire écrite et intellectuelle.
Aussi convient-il aujourd'hui de rassembler et de rendre facilement accessible à tous les traces d'un passé dominé par le flux des idées et des échanges culturels. Cette fidélité à notre mémoire, loin d'être peine perdue ou pure compulsion accumulative, est, me semble-t-il, un gage de confiance en nous-mêmes et, finalement, de notre capacité à nous projeter dans l'avenir.