De la pellicule à la numérisation : le Fonds d'archives photographiques Georges Vermard

Dans sa séance du 9 septembre 1990, sous l'avis n° 30/0903, la Ville de Lyon se proposait de faire l'acquisition, pour la Bibliothèque municipale, des clichés et des tirages photographiques régionaux de Georges Vermard. Ce fonds est constitué d'un nombre impressionnant de négatifs, ainsi que de tirages papier. Quelque 14 600 pièces sont conservées dans les silos de la Part-Dieu, représentant une somme de travail journalistique de premier ordre rattachée au département Lyon et Rhône-Alpes de la Bibliothèque. Le nombre de ces pièces est d'ailleurs régulièrement augmenté, depuis que le photographe lui-même, à l'occasion de ses visites, dépose de nouveaux négatifs.

Si Georges Vermard débute sa carrière professionnelle au milieu des années 1950, et si ses derniers clichés sont des reportages effectués à la fin des années 1980, la majeure partie des prises de vue fut prise sur une bonne vingtaine d'années. Elles montrent autant les personnalités politiques, sportives, artistiques de cette époque-là, que la réhabilitation d'un quartier lyonnais ou l'urbanisation d'une partie de la ville, dans les années 1970. Ce sont donc des sujets variés, éclectiques, qui illustrent des tranches d'histoire où apparaissent des hommes comme le général De Gaulle, Valéry Giscard d'Estaing, Georges Pompidou, Martin Luther King, ou, plus localement, le retour d'exil du leader politique Jacques Soustelle ou le maire Louis Pradel, inaugurant, discutant avec ses élus ou avec des journalistes, parfois devant un verre de beaujolais, voire en train de découper en tranches un saucisson de Lyon. Point fort, devenu un grand classique : la fameuse photographie où Georges Vermard immortalise le général De Gaulle, de dos, sur le perron de l'hôtel de ville de Lyon, les bras tendus vers la foule amassée sur la place des Terreaux. Mais il existe bien d'autres clichés chargés de valeur historique, comme celui où Martin Luther King, le chantre du combat pour les droits civiques aux Etats-Unis, rencontre le cardinal Jean-Marie Villot dans la primatiale Saint-Jean.

Georges Vermard s'apprête à partir à bord de l'avion Echo-Libérté pour des prises de vues aériennes photographie par Georges Vermard, juin 1961 (BM Lyon, Fonds Vermard, Neg. 449-001).

De la pellicule à la numérisation

Les faits divers sont évidemment un thème privilégié de la presse locale et, de ce fait, des photographes. Ceux-ci rendent compte, par l'image, des événements terribles d'une période donnée et aussi des drames intimes qui secouent notre vie quotidienne. L'affaire Devaux, en 1963, est l'exemple par excellence d'un drame disproportionné pour lequel la population entière se passionne. Un garçon boucher de Bron est accusé du meurtre d'une petite fille de 9 ans. Celle-ci n'est autre que la fille de ses patrons. Il avoue puis se rétracte, mais n'en est pas moins inculpé d'homicide volontaire et condamné. Cette affaire, qui va durer six années, se termine finalement par un acquittement. Georges Vermard est là, qui photographie la sortie de prison et la liberté retrouvée.

D'autres reportages sont tout à fait impressionnants, comme la catastrophe de Feyzin survenue en 1966, où le photographe est aux premières loges et prend d'énormes risques. De cette plongée dans les enfers, il a ramené de très beaux clichés. Il est alors correspondant de Paris-Match pour la région Rhône-Alpes. Dans ce fonds, les reportages sportifs ne sont pas en reste, et témoignent aisément de l'engouement sportif des Lyonnais dans les années 1950, 1960 et 1970. Les concours hippiques sont réguliers, tout comme les concours de bowling ; les matchs de boxe sont impressionnants de violence maîtrisée ; la natation, le patinage artistique sont aussi illustrés. Enfin, le fonds contient toute une série de clichés et de reportages sur l'urbanisme à Lyon, à commencer par la construction de la Bibliothèque de la Part-Dieu, inaugurée en 1972, ainsi que d'autres travaux, qui déclenchèrent des polémiques à l'époque, tels ceux de la rue Mercière.

Depuis plusieurs années, un patient travail d'archivage et d'inventaire a été entrepris à la Bibliothèque, visant à conditionner et à conserver la documentation photographique patrimoniale. Le fonds Georges Vermard figure en bonne place au sein de cette démarche. Il est entré il y a quelques mois dans la phase décisive de la numérisation : un tiers des clichés en a d'ores et déjà bénéficié.