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  LES GRAVEURS ET LES IMPRIMEURS A LYON AU XVe SIECLE 5 I

exécutées. Pierre Le Rouge prenait le titre de libraire
et imprimeur du roi ; il a fait preuve en cette occasion
d'un véritable talent (2). Il y a dans la Mer des histoires
de grandes planches, qui, quoique au simple trait et
avec quelques tailles pour donner un peu de relief aux
personnages et aux objets, montrent chez le dessinateur
et le graveur, de la souplesse et de la justesse dans le
travail. Les caractères ressemblent à ceux du type go-
thique que Le Roy avait dessinés et avait adoptés pour
les romans de chevalerie et pour ses derniers ouvrages.
Le Roy fit école. Jean du Pré prit ces nouvelles lettres
pour modèles ; Topié, Mathieu Husz et Jacques Maillet
les imitèrent de leur côté.
   Les graveurs de Lyon, copistes habiles et soigneux,
ont bien rendu les encadrements élégants formés par des
feuillages, des fleurs et des rinceaux, les lettres capitales
jetées sur un fond de charmants rinceaux et ce petit
tableau un peu archaïque, cependant de la plus naïve
ordonnance et d'un réalisme très étudié, qui représente
le baptême de Clovis et la bataille de Tolbiac. Nous
avons la mesure de ce que ces tailleurs faisaient de leur
chef par plusieurs planches, la Jeanne d'Arc à cheval (3)
et les Sibylles entre autres. Ces tailleurs n'étaient pas
encore bien formés et la taille est rude. A côté de ces



   (2) L'exemplaire de la Mer des histoires de Pierre Le Rouge qui
appartint à Charles VIII est conservé à la Bibliothèque nationale. Il
est orné de quatre cent cinquante-deux miniatures, les initiales sont
peintes en or et en couleurs.
   (3) C'est une image de fantaisie de Jeanne d'Arc faite soixante
ans après sa mort. Jeanne est à cheval, en armure, les cheveux épars,
l'épée à la main (vol II, f° 192 v°).