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                                    FÉLIBRIGE                                     581
   Cependant si, dans son œuvre, M. Mariéton est un érudit, un philologue
distingué et un critique habile, il est aussi, et beaucoup, un poète, un poète
français étudiant ses confrères félibres qu'il admire. On pourrait peut-être lui
reprocher de se laisser un peu entraîner par l'ardeur généreuse de la jeunesse
et par son tempérament de poète à apporter un peu trop de bienveillance dans
ses appréciations ; mais il loue avec grâce et à propos, son enthousiasme est
sincère et communicatif, le lecteur admire avec lui.
   La réunion de ces brochures, avons-nous dit, constituera l'histoire du mouve-
ment félibresque contemporain; elle formera un ouvrage très remarquable au
double point de vue de la beauté de la forme et des documents curieux et inédits
qui s'y trouveront réunjs.
   Ce livre sera la continuation d'une œuvre importante pour laquelle M. Mariéton
a déjà réuni une quantité de matériaux «t dont il a même commencé l'exécu-
tion: l'histoire critique de la littérature du Midi, depuis le seizième siècle jusqu'à
nos jours. Cette œuvre est annoncée dans la grande revue anglaise, The Academy,
sous le titre de « La Renaissance latine ou histoire littéraire des dialectes d'Oc. »
   Mistral a l'habitude de désigner M. Mariéton par le titre d'historien dufélibrige.
Cette qualification nous semble méritée.
   Ajoutons que en dehors des travaux que nous venons de mentionner et de3
articles qu'il fournit à la Revue lyonnaise, un excellent recueil qui tend à deve-
nir le trait d'union de nos deux littératures, M. Mariéton a publié d'autres tra-
vaux se rapportant à l'histoire du Midi dont nous ne donnerons que les titres :
Réfutation de M. Mary-Lafon et revue générale de la littérature d'Oc.
   Les bohémiens en Provence; le fëlibrige en Amérique, etc., et enfla la Vénus
de Milo, poème allégorique, qui est une œuvre remarquable.

                         L'AVERAGE,   P A R M. J E A N B R U N E L


   Average, c'est -à-dire relatif à l'avé, le mot avé (ovis) signifie les brebis et les
moutons pris collectivement, on dit besti d'ave pour bêtes à laine.
   L'œuvre de M. Jean Brunet est encore inédite et débute ainsi :
   t Par là, vers le mois de mai, au moment où le blé a déjà atteint en hauteur
et même dépassé le seigle...
   « C'est l'époque où les troupeaux transhumants portant vivres et choses
nécessaires, sont menés du pays bas de Provence, vers les montagnes du haut
pays pour estiver.
   « En autre saison, lorsque les signes annoncent que la neige va bientôt tomber
en tourbillonnant sur les cimes alpines ou cévenoles, alors, et pour ne pas se
laisser bloquer, avant que la neige couvre la terre d'un épais manteau blanc, les
réunions de troupeaux appartenant à plusieurs propriétaires sont ramenées du
haut pays au pays bas pour y paître l'herbe hivernale sous l'œil du maître.
   « Ainsi, soit au printemps, soit en automne, vous avez dû certainement assister
au passage d'un de ces interminables troupeaux provençaux, conduit par un chef
nommé Baile, acheminé dans une antique voie tournant vers les Alpes neigeuses ;
ou d'un troupeau languedocien, côtoyant les pentes ravinées des monts escarpés de
l'Isère, ou du côté gascon des sierras pyrénéennes. »
   En effet, nous tous, méridionaux, nous avons assisté bien des fois au passage
de ces innombrables troupeaux de bêtes, et l'œuvre de M. Jean Brunet nous inté-