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582                     LA REVUE           LYONNAISE
résse dès la première page, parce qu'elle évoque en nous les agréables et déjà
lointains souvenirs de l'enfance.
   Une traduction française accompagne le texte provençal. Il semble, en la lisant,
que l'on ne peut rapporter ce que disent les pâtres, que dans la langue de ces
pâtres. Tel passage, intéressant dans l'original par la naïveté des expressions,
paraît incohérent et presque trivial dans la traduction,et est d'une lecture pénible.
   M. Jean Brunet est un des sept jeunes hommes qui fondaient le félibrige, le
2L mai i854, au château de Fontsegugne. Ses gracieuses poésies sont éparses dans
la collection de l'Armana. Il a publié à part deux opuscules : Étude de mœurs
provençales et Bachiquello et Prouvèrbi sus la Luno.
   Les Fleurs félibresques et les Études sur le félibrige sont des œuvres de
valeur, très utiles à la cause félibresque, et dignes d'une haute récompense de la
Société. Nous demandons qu'il soit décerné à chacun des auteurs, une médaille
d'honneur hors concours.
    liAverage est aussi une œuvre de valeur ; mais, au point de vue des services à
 rendre à la cause félibresque, on ne peut la placer sur le pied de l'égalité avec
 les œuvres de M. Constant Hennion et de M. Paul Marieton. Noas proposons
 qu'un diplôme d'honneur, hors concours, soit décerné à son auteur. L'Axer âge
 n'étant d'ailleurs qu'une partie de l'immense recueil de proverbes populaires,
 auquel travaille actuellement M. Jean Brunet, la Société pourra examiner l'œuvre
 dans son ensemble, lorsqu'elle sera terminée, et lui décerner, s'il y a lieu, une
 récompense plus importante. Ces conclusions ont été adoptées.




                 RAPPORT DE M. MAURICE F AU RE

   En conviant les poètes du Midi à chanter Clémence Isaure, la Société des
félibres de Paris n'a pas eu seulement le désir d'honorer une félibresse du temps
passé qui eut le rare mérite, deux cents ans après la Croisade, alors que la
langue d'Oc était proscrite, d'en proclamer l'immortalité et de fonder, pour
l'assurer, l'Académie symbolique des Jeux Floraux.
   Elle a encore voulu, animée d'uu sentiment de pieuse gratitude et de filial
respect pour sa mémoire, exécuter en quelque sorte son testament, méconnu,
déchiré par ceux-là même qui se déclarent tes héritiers légitimes de la douce
 toulousaine.
    Les « Mainteneurs » du Capitole, en effet, ceux qui, dans la pensée d'Isaure
devaient maintenir (mantène) défendre, protéger la langue d'Oc contre le mépris
 et l'oubli, l'ont bannie de leurs concours comme une étrangère et une héré-
 tique.
    Certes, Messieurs, il faut le proclamer bien haut, il ne saurait entrer dans
notre esprit un regret quelconque du passé, un désir même platonique de supré-
matie politique et littéraire ; une telle ambition, alors même qu'elle ne serait pas
la poursuite d'une chimère, serait en désaccord avec le patriotisme qui com-
mande à tous les Français) sans distinction d'origine, un inébranlable attache-
ment à l'unité nationale, dont la puissante langue de Rabelais, de Molière, de
Victor Hugo est l'incomparable et nécessaire instrument,