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        RÉUNION DE LA FRANCHE-COMTÉ A LA FRANCE                                    505
serait fort embarrassé s'il avait à en fournir un échantillon. Le Jura
ne contient, en eflët, que du calcaire. La composition du terrain n'est
pas indifférente en histoire ; elle nous permet de mieux com-
prendre certains faits. Ainsi elle nous apprend pourquoi, lors d'une
bataille qui fut livrée, le 19 juin 1638, sur le premier gradin du
Jura, à l'est de Poligny, les deux armées souffrirent de la soif.
    C'est que, dans les pays calcaires, spécialement dans le Jura,
l'eau, très abondante au niveau de la plaine, est rare sur les pla-
teaux. Les deux armées auraient moins souffert, surtout au mois
de juin, si le sol eût été granitique.
    On pourrait signaler quelques erreurs dans l'histoire de la réu-
nion delaFranche-GomtéàlaFrance1 ; ellessontinévitablesdansun
travail d'une certaine étendue. Maisilest plus juste de louer l'ou-
vrage dans son ensemble et d'une manière générale ; or, il doit être
mis au nombre des meilleurs, et il serait à désirer, dans l'intérêt
delà science et de la vérité, que la réunion de chacune de nos
provinces pût trouver un aussi bon historien que M. de Piépape.
    Je ne me propose pas de rendre compte de cet ouvrage ; j'essaie
seulement d'en tirer quelques faits relatifs à la constitution poli-
 tique de la Franche-Comlé et aux guerres qui en ont amené la
réunion.


                                          I

  Lorsque Henri IV, en guerre avec l'Espagne, voulut s'emparer
de la Franche-Comté, certains de ses conseillers s'y opposèrent, et
pour une raison qui nous semble aujourd'hui fort curieuse : ils
soutinrent que « vouloir réunir à la France une province aussi
voisine de la Suisse et aussi semblable à ce pays, c'était s'exposer
à faire naître dans l'esprit des Français, l'idée de se mettre eux-
mêmes en république, à l'exemple des Suisses 2 ».
   C'est qu'en effet, si l'on néglige la surface pour aller au fond des
choses, la Franche-Comté était une république, et, bien que cela

  1
      Voir un article de la Revue critique du 9 avril 1833, 1" semestre, p. 285,
  8
      De Piépape, I, 276, no'e.