Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
506                       LA R E V U E L Y O N N A I S E

puisse surprendre, une république dépendant du pays alors le plus
monarchique de l'Europe, l'Espagne.
   Ce nom de Franche-Comté, « le plus beau, dit un historien
franc-comtois, avec celui de France, que région aucune ait porté, »
apparaît pour la première fois dans un acte de Marguerite de
Flandre, femme de Philippe le Hardi, du 27 juillet 1366. S'il
annonce que la Franche-Comté possédait des libertés, la constitu-
tion de ce pays le montre mieux encore.
   On pourrait même dire qu'il y avait en Franche-Comté deux
républiques, car Besançon, avec les cent villages circonvoisins
qui enconstituaient labanlieue, formait comme un Etat à part. Cette
ville, qui avait eu jadis un municipe romain, était devenue, lors-
que le comté de Bourgogne passa sous la suzeraineté allemande,
une ville libre impériale1. Elle eut pour souverain son archevêque,
et celui-ci y exerça tous les droits régaliens. Mais, comme cela
arriva, du reste, dans plusieurs villes de l'Empire, la bourgeoisie
parvint à se soustraire à l'autorité temporelle épiscopale. A partir
de 1a fin du douzième siècle, l'archevêque fut dépossédé, par des
empiétements successifs, de la juridiction civile et criminelle, du
gouvernement politique à l'intérieur, du droit de guerre et de paix
au dehors ; et cette révolution fut opérée à l'aide de nombreux
 soulèvements, et grâce aux alliances que les bourgeois contrac-
tèrent avec les grands seigneurs féodaux qui se disputaient la su-
prématie dans le pays 2 . Le gouvernement de la ville fut alors confié
à de puissants personnages, le plus souvent à un seigneur, qui
prenait le titre de gardien, et dont la charge s'appelait la gardien-
neté de Besançon. Ce régime municipal dura jusqu'au milieu du
dix-septième siècle, c'est-à-dire jusqu'à la conquête de Louis XIV3.


   i Voir cependant sur ce point la Revue critique, 1883, 1"- semestre, p. 286.
   2 De Piépape, II, 203.
   3
     Le magistrat de Besançon était un conseil de vingt-huit notables, pris parmi les
quarante-deux procureurs élus, six par chacun des sept quartiers ou bannières de la
ville. Le magistrat déléguait annuellement l'autorité executive à quatorze co-gou-
verneurs appelés aussi prud'hommes et recteurs, exerçant la police et la justice;
chacun présidait pendant une semaine. Dans les cas importants, on convoquait les
notables, les procureurs et anciens co-gouverneurs. Cette assemblée s'appelait le
Conseil d'EtaL L'archevêque nommait le maire (mayeur). (De Piépape, II, 201, 202,
206.) Le magistrat était aussi le Conseil de ville à Dôle (I, 263), à Arbois (I, 233).