Revue du Lyonnais » série 6 - n°9-12 ( 1923 ) » pp.080

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Léonard Gaultier, en tout cas son disciple, Fornazeris grava de cette ma-
nière menue et précieuse de son maître, dont la Chronologie collée nous
donne l'idée.
      Grégoire Huret, un Lyonnais, qui, au rebours de Fornazeris et de
Charles Audran, s'en alla à Paris, où il se fit une place importante. Ses longs
et âpres démêlés avec le directeur du Journal des Savans, sur des questions
de géométrie et d'architecture, occupèrent la chronique du temps ; on en
trouve les échos dans son Optique de Portraicture, qui semble dirigée contre
les théories de son compatriote Gérard Désargues. La gravure penniforme
de Grégoire Huret est très personnelle et ne manque pas d'un certain
agrément.
      Le quartier des imprimeurs, cette rue Mercière et ses entours, est
encore très animée à cette époque, malgré la décadence qui va grand train ;
les impressions abondent ; certaines d'entre elles sont très belles, et déjà
elles sont empreintes de cette solennité qui donnera à toutes choses cet air
de majesté du Grand Siècle :
     Louis Garon, ancien correcteur, calviniste défaillant, imprime — et
c'est à ce seul titre que je le rappelle — le Colloque des trois Supposts du
Seigneur de la Coquille, où le char triomphant de Monseigneur le dauphin est
représenté par plusieurs personnages, figures, emblèmes et énigmes (1610), la
Sage Folie, fontaine d'allégresse, mère des plaisirs, reine des belles humeurs
(1628) et le Chasse-ennuy ou l'honneste entretien des bonnes compagnies (1628).
      Bonaventure Nugo, qui imprime pour Claude de Rubys son Histoire
de la Ville de Lyon, se présente certain jour de janvier 1603 à l'Hôtel com-
mun et expose à Messieurs du Consulat que, ayant « entrepris d'imprimer
[ce livre], il y a longuement travaillé, mais que, n'ayant pas moyen de le
parachever, il recourt au Consulat pour le prier de l'aider d'une somme de
cent écus au moins, sans laquelle il ne pourroit terminer cet ouvrage » ; les
échevins sont bons princes et, considérant, ce que dit Nugo, que « tel livre
ne pourra guère avoir de débit hors de cette ville ni mesme estre vendu icy,
si ce n'est à quelques uns des plus curieux », ils font compter au solliciteur