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DE NOTRE HISTOIRE MILITAIRE 217 commander par delà des Alpes l'armée qu'il avait formée à Lyon, et les raisons, si honorables pour lui, que lui donne l'Empereur en le laissant à la tête des troupes à former encore. Voici comment le général Cler juge l'armée d'Italie : « Depuis un mois que je suis en Italie, écrit-il d'Alexandrie, le 26 mai 1859, nous nous sommes occupés d'organiser notre armée, qui, aujourd'hui, est formidable au point de rendre nos ennemis très timides. Les Autrichiens défen- dront-ils sérieusement les cours d'eau ? Abandonneront-ils Milan sans livrer bataille et se retireront-ils dans leurs places fortes? Dans quelques jours nous pourrons répondre à ces questions; car nous devons partir après-demain. « Nous allons entrer dans un pays cultivé, couvert de plantations, de villages et de maisons, coupé par des routes, des chaussées, des fossés, des canaux; nous marcherons un peu à l'aventure ; nous nous éclairerons difficilement ; les déplacements seront très difficiles ; les masses de troupes souvent embarrassantes ; car elles serviront de nids aux boulets ennemis. Nous irons de surprise en surprise ; il nous faudra donc beaucoup de prudence dans un pays où une bataille pourra être changée en un véritable colin- maillard. « Nos troupes sont excellentes ; nous n'en avons jamais eu de meilleures ; elles ne demandent qu'à se distinguer. Les colonels et les généraux sont avides de gloire' et de grades ; chacun dans notre armée a une très grande confiance dans sa force, son expérience et son habileté. Il est peut-être' à craindre que, dans un pays où la direction du chef suprême ne pourra pas toujours se faire sentir, bien des mouvements soient abandonnés à l'intelligence et à la