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2l8                     VINGT-SEPT ANNÉES

prudence des subalternes. Nous serons bien surpris
d'apprendre après un combat, une bataille même, que
l'affaire a été décidée par une division, un régiment, un
bataillon même. Les chemins de fer, la précision de nos
armes vont aussi apporter des changements dans notre
manière de faire la guerre. Cette campagne sera donc une
bonne école pour les esprits observateurs. »

   Certes, le général Cler était de ceux-là, et il eût été
difficile de mieux caractériser à l'avance cette campagne
d'Italie, si pleine d'à-coups imprévus.
   Ecoutons le vieux général Mellinet, qui avait fait les
campagnes de 1814 et 1815, et celles de 1823-1825 en
Espagne, celles de 1841 et 1851 en Afrique et qui a vécu
assez longtemps, hélas! pour faire celle de 1870. 1,1 écrit
le 5 juin, le lendemain de la bataille de Magenta :
« Mâtin, quelle affaire ! Les grenadiers et zouaves ont
montré une vigueur et une solidité dont il est impossible
de se faire une idée ; car pendant plus de trois heures, je
n'avais pas plus de 3.500 à 4.000 hommes engagés contre
40.000 Autrichiens, sans rien derrière nous pour nous
soutenir. Je ne puis te dire (1) à quel point j'ai été content
de tout ce qui m'entourait. Le petit Tanlay, avec son air
tranquille et doux, mon brave ami Marel, Castel, le père
de Bar, etc., tous superbes, admirables de sang-froid et
d'entraînement pour ramener les hommes au combat et
porter les ordres. Voilà des gaillards, à la bonne heure, et
que je porte tous dans mon cœur 1...J'espère que l'Empereur
sera content de ses grenadiers et de ses zouaves ; car je


  (1) Mellinet éerit à sa femme.