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                       A JAS, EN 109e                      21

frère du doyen, Agnon, avait en mains le bâton prioral et
il est trop avéré que sa faiblesse, sinon une complicité
ouverte, acheva de livrer à ses aînés, comme nous l'avons
vu plus haut, les dépouilles opimes de son couvent.
   Les Chauve étaient mieux autorisés à revendiquer l'éta-
blissement de Sait, comme leur Å“uvre exclusive ; l'initiative
leur en revenait entièrement : ils l'avaient placé au centre
même de leurs exploitations agricoles les plus en valeur ;
ils lui avaient tout abandonné : l'église, les champs, les
vignes, les immeubles et les personnes ; ensuite avec une
munificence trop souvent, il est vrai, repentante et tra-
cassière, mais en définitive persévérante et louable, ils
continuaient de développer cette institution qui leur était
chère non moins qu'utile.
   Les dévots sentiments d'un d'entre eux, Girin, fils
d'Hugues et oncle d'Arnulfe I er , dont nous avons parlé,
lui inspirèrent d'inviter deux moines à venir s'installer
proche de sa demeure. Sept chartes consécutives sont
employées à relater les multiples péripéties de la négocia-
tion, à préciser la nature et lés limites des diverses
dotations, comme à confirmer la perpétuité des engage-
ments jurés et l'inamovibilité des possessions octroyées (1).
Nous demandons de ne pas passer sous silence leurs plus
importantes dispositions ; outre le rapport direct de ces
événements avec notre sujet, ils éclairent d'une vive
lumière les mœurs à demi barbares de cette noblesse
féodale, dont la foi chrétienne parvenait, avec tant de peine,
à réfréner la brutalité et à corriger les injustices.
   Le fondateur ne céda ni à la défiance, ni à l'avarice ;
il n'offrit pas d'une main pour reprendre de l'autre, comme

  (1) Carlul. du n° 652 au n° 658 inclusivement.