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DE NOTRE HISTOIRE MILITAIRE 13 5
qui pensent qu'un prince ne peut pas faire aussi bien
qu'un autre; mais je trouve que pour une époque si consti-
tutionnelle, quand on a renversé un trône à coup de
pavés, il y a encore de bien plats courtisans.
« Ainsi ces drapeaux, dont on vient de faire tant de bruit,
ont été pris dans une tente et n'ont'pas coûté une goutte
de sang. Sur vingt à vingt-cinq mille individus qui ne
demandaient qu'à être pris, car ils n'ont rien tenté pour
s'échapper, trois mille environ ont été ramenés; les
tentes n'ont même pas été brûlées, et, en définitive, à très
peu de choses près, la Smala est restée constituée comme
elle l'était, et si cela a été un coup porté à la puissance
d'Abd-el-Kader, ce n'a été qu'un coup moral.
« Du côté de l'Ouarensenis, nous avons fait une cam-
pagne fructueuse en sillonnant en tous sens ces montagnes
difficiles, en combattant avec succès les restes des bandes
régulières de l'émir ou de ses kalifats, et en les poursuivant
jusque sur les rochers qu'ils regardaient comme inacces-
sibles.
« Le blocus du Grand-Pic, où, après un combat assez
chaud qui a coûté la vie à notre colonel (Illens), nous
avons pris par la soif et la famine une immense population,
est un fait d'armes très remarquable qui n'a pas eu le
retentissement qu'il devait avoir, par deux raisons : la
première, c'est qu'il a eu lieu en même temps que la prise
de la Smala et que, naturellement, ce fait de moins d'impor-
tance, selon moi, tel qu'il s'est accompli, devait l'emporter
par la présence du Prince. La seconde raison, c'est que, par
un déplorable esprit, le général Changarnier affecte de taire
ce que fait sa division, voulant éviter, sans doute, le reproche
d'exploiter le bulletin, mais tombant par là dans un bien
plus grand inconvénient: celui de mécontenter toutes les