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206 VINGT-SEPT ANNÉES guerre, le cœur de la puissance russe dans le sud, son point de départ pour la conquête de la Turquie et de la Méditer- ranée ? Et qui donc pouvait se flatter sérieusement que Sébastopol ne se défendrait pas ? Nous sommes ici cons- ternés de la précipitation et des erreurs des nouvelles télégraphiques. « Le vieil Empereur allait au pas de charge pour vaincre, et on s'en étonnera longtemps ; pourquoi nous faire l'hon- neur de croire que nous irons, nous, enfants d'hier, vite comme le fluide électrique ? Non, nous ne sommés pas encore à Sébastopol, et notre feu anglais et français n'est ouvert que depuis trois jours, très vif, très vigoureux, avec des alternatives qui s'expliquent par les gros calibres mis en batterie par l'ennemi, qui tire parfaitement bien et qui peut remplacer bien facilement son matériel ; car il use du matériel de la marine mis à terre. Nous lui avons déjà démoli des tours et fait sauter des magasins à poudre ; mais il en a brûlé aussi trois ou quatre et se défend vigoureu- sement... « Voulez-vous?Montons à cheval; un petit quart d'heure de galop de charge et nous serons près des Anglais et vous verrez de leurs batteries toute la ville devant vous. A gauche, le quartier de la Quarantaine ; en face, le gros de la ville appuyé à la baie militaire et, à droite, le quartier des maga- sins et du Carénage. Au delà , de droite à gauche, la rade> et, dans le fond, la langue de terre qui se termine par la tour Constantin. Et vous verrez à droite une tour ronde, démolie par le feu anglais, et des lignes de chaos de terre et de maçonnerie, que les Russes réparent à mesure toutes les nuits... « Croyez-moi, Sébastopol se défendra bien, et nous n'en mériterons que mieux les compliments que vous nous préparez...