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88 CHRONIQUE D'ARCHÉOLOGIE les confrères font exécuter, à plusieurs reprises, des répa- rations à THôtel-Dieu et reconstruire, à leurs frais, le portail de l'église Saint-Nizier. Sur les tendances de l'association, je ne puis mieux, faire que citer l'auteur : « Si on examine l'histoire des confréries en général, on voit qu'elles étaient depuis longtemps condamnées par les conciles, que notamment leurs repas de corps étaient interdits; que le concile de Sens, en 1524, les condamne à nouveau, disant qu'elles ne semblent être établies que pour favoriser les monopoles et les crapules de débauche. » Sans doute la Trinité de Lyon échappait à ces critiques excessives, mais elle n'en demeurait pas moins une association qui visait à l'influence. En 1306 elle comp- tait 514 membres appartenant à toutes les professions. « Elle tombait donc sous le coup des canons des conciles de 1214, 1234, 1238, 1248, 1255 et 1326 condamnant ces assemblées dont faisait partie la noblesse et où se trou- vaient des gens de toute condition, qui se liaient par ser- ment, se donnaient des chefs auxquels ils juraient obéis- sance, portaient des habits ou marques particulières pour se reconnaître et se secourir. » M. Guigue fait, en outre, justement observer, d'abord que son action s'étendait même en dehors de la ville et qu'ensuite du xvie au xvme siècle, elle a fourni un nombre relativement considé- rable de membres au consulat. Ajoutons aussi que, finale- ment, l'élection des chefs n'est plus qu'une formalité et que les courriers sortants désignent eux-mêmes leurs succces- seurs : on sera ainsi persuadé que la Trinité était une association dont la direction se trouvait dans la main de quelques-uns. Il faut remercier M. Guigue d'avoir publié le texte de ce manuscrit intéressant et d'avoir livré ainsi au public des documents dont la lecture seule pourra dire toute l'importance.