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266             UNE VISITE ARCHIÉPISCOPALE

autres réclamaient d'interminables délais; ceux-ci se riaient
de l'excommunication qui n'atteignait pas leurs revenus,
leurs concubines et leurs chasses; ceux-là en appelaient au
pape; ils rédigeaient des apologies qui les rendaient, au-delà
des monts, plus blancs que neige, et les lavaient des
reproches dont la malice de leurs ennemis gallicans les
a\ait, prétendaient-ils, faussement et envieusement accablés.
Le pape levait l'interdit, il modérait son ambassadeur, il
l'invitait à plus de mansuétude et croyait sans défiance à
des serments qu'il ne coûtait pas plus à leurs criminels
auteurs d'enfreindre que de renouveler.
    Hugues se plaignit et s'alarma de ces concessions, qui
étaient un blâme indirect de sa conduite et un embarras à
l'achèvement de l'œuvre en cours d'exécution. On opposait
volontiers l'indulgence romaine à l'inflexibilité du légat et
ses suspenses cessaient de paraître si redoutables, quand on
savait qu'elles seraient levées à la première prière expédiée
en Italie. Il est possible que, dans son amour pour la décence
et la justice, dans son ardeur à débarrasser le temple, de
ses trafiquants, de ses ministres indignes et prévaricateurs,
l'évêque de Die n'ait pas toujours gardé la réserve et la
patience, conseillées par la charité ; quelques plaintes des
plus estimables de ses contemporains, en particulier les
observations que lui soumit le judicieux Yves de Chartres,
l'attestent sans réplique. Personne, toutefois, ne suspecta
jamais la droiture de ses intentions, ni son inaltérable
 attachement à l'Église. Etait-ce sa faute, si des vices honteuxj
 pareils à une gangrène avancée, exigeaient, pour sauver le -
 corps, l'amputation des membres empoisonnés? On loua
surtout son discernement à connaître les hommes, son tact
 à découvrir les plus dignes, pour les élever aux premiers
 rangs de la hiérarchie. Nous avons cité saint Jubin qu'il