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6 LE COMTE DE CHARPIN-FEUGEROLLES légendes ( r ) et transformer la physionomie des événements du passé. Et en fût-il autrement, qui ne sait combien le goût public est mobile et variable et comment l'œuvre la plus parfaite est sujette à vieillir avec les années? Encore quelque temps et de ces œuvres historiques, qui ont eu leur jour de succès, plus d'une sera oubliée, pendant que dJau- tres ne survivront que grâce au mérite de la forme ou même seulement à l'illustration de leur auteur. Moins brillante au premier abord et moins connue de grand public, la publication des documents originaux ne donnera sans doute pas à ceux qui l'auront entreprise, la renommée obtenue par nos grands historiens ; mais elle sera incontestablement une œuvre plus durable. Car quelles que soient les variations que subisse l'esprit public, ce sera toujours à ces sources lumineuses et certaines que les histo- riens de l'avenir viendront puiser les éléments de leurs tra- vaux. Or, dans cette reconstitution de notre véritable histoire nationale, aucun pays de France ne pourra rivaliser peut- être avec notre région lyonnaise. Aucun autre, en effet, n'aura fourni au monde savant, une série plus imposante de recueils de documents originaux. (i) Telle est, par exemple, la trop fameuse légende du Pacte de famine, véritable mystification qui a égaré nos plus sérieux historiens, pour n'avoir pas pris garde qu'elle avait sa source dans un simple pamphlet, inséré dans le Moniteur universel des i $ et 16 septembre 1789, et dû â la plume d'un fou, Le Prévost de Beaumont, auquel les con- temporains n'avaient naturellement accordé aucune confiance (V. Edm. Biré. Le Pacte de famine dans le Correspondant du 10 juillet 1889. — Léon Biollay. Etudes économiques sur le x v m c siècle. Le Pacte de famine. Guillaumin, 1885, in-8°. — Gustave Bord. Le Pacte à e famine, Sauton. 1887, in-8°. — Léon Say. Les grands écrivains français, Turgot, p. 100 et s.