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260 UNE VISITE ARCHIÉPISCOPALE dont la première session s'était ouverte, le 18 novembre précédent ; il avait pris une part très directe aux délibéra- tions et aux résolutions de l'assemblée; il avait entendu le pape prêcher la guerre sainte, Pierre l'Ermite raconter les cruautés des Sarrazins et les tortures qu'ils infligeaient aux chrétiens et aux pèlerins ( i ) ; il avait vu les plus puissants barons" du royaume, les chevaliers, les manants, les femmes prendre la croix, l'attacher à leur épaule comme un signe de ralliement, pour voler à la délivrance du sépulcre de Jésus^Christ ; avec la foule enthousiasmée, il avait poussé le cri retentissant de « Dieu le veult » et il était pressé de jeter, dans son propre diocèse, l'étincelle qui allumait tous les courages, avec le pieux appel qui vidait les palais et les chaumières, les forteresses et les cloîtres. Il quitta l'Auvergne et la cour pontificale, après les solennités de Noël de 1095, et il prit, pour rentrer chez lui, la fameuse voie d'Aquitaine, tracée par Agrippa, restaurée par Maximin, dont le nom se lit encore sur les colonnes, dressées pour en marquer les lieues, et invariablement suivie pendant tout le moyen âge. En acceptant l'invitation de s'arrêter dans la demeure du doyen de son chapitre, Girin le Chauve, un de ses conseil- lers les plus intimes, distingué par sa naissance et sa fortune, recommandable par le dévouement qu'il apportait à rem- plir ses fonctions, il ne se détournait donc pas de son chemin ; le petit crochet à faire était insignifiant et ,1a station, bien choisie, lui promettait, avec un repos presque nécessaire, des heures agréables dans la meilleure compagnie. (1) Sur le rôle de Pierre l'Ermite, au concile, voyez les deux dis- cours, prononcés dans la cathédrale de Clermont, les 17 et 18 mai 1895, par M. le chanoine James Condamin, l'éloquent professeur de l'Univer- sité catholique de Lyon.