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                      liN FKANC-LYONNAIS                        29

idée exacte de sa décadence au milieu du xvm e siècle, si
l'on ne connaissait les véritables raisons qui expliquent
la diminution dont nous avons parlé.
   Le premier et peut-être le plus funeste de tous les fléaux
pour la vie des monastères avait été la commendejet la
commende était venue à la suite des richesses. La sainteté
des religieux avait fait affluer les richesses dans les abbayes
et les monastères, et les richesses y firent introduire le
relâchement dans la rigueur de la discipline, et l'affaiblisse-
ment des forces vitales, je veux dire de la pratique des vertus
religieuses. Les libéralités des rois, des princes et des hommes
riches et puissants avaient eu pour but d'obtenir, en échange
des biens terrestres, les prières des religieux pour eux
et pour leurs familles; ces libéralités étant destinées à
secourir les pauvres. Mais cette pieuse destination ne
tarda pas à être gravement compromise. Les richesses
furent un objet de convoitise. On chercha à les faire servir
d'appoint à la fortune des particuliers, et à la récompense de
services dé l'ordre purement temporel et civil pour ne dire
rien de plus. Ainsi les revenus des monastères devenaient
des bénéfices à la disposition des rois, des princes et des
seigneurs. Les biens des couvents, au lieu d'être employés
à l'entretien des religieux et des pauvres, devenaient le
patrimoine des riches. Les religieux étaient condamnés à la
portion congrue, tandis que le commendataire consacrait
souvent à des usages profanes, à son luxe ou à son ambition,
la plus grande partie des revenus des maisons religieuses.
Les rois de France s'étaient réservé la nomination des titu-
laires aux plus grandes abbayes d'hommes et de femmes.
 Le cardinal Mazarin jouissait des revenus de vingt-deux des
 plus riches abbayes de France. La conséquence naturelle de
cet état de choses était que la vocation à l'état religieux n'était