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UNE NOCE. 329 qu'à moi de savoir tout ce qui intéresse M. Frédéric, et ces personnes-là font les discrètes par orgueil, comme je fais la curieuse par plaisanterie. — En vérité, Louise, dit Frédéric, vous vous inquiétez de ce que je lisais là ? — Moi ! pas du tout, répondit-elle gaîment. — Alors cela vous est tout à fait indifférent, répliqua-t-il avec un singulier dépit. — Donnez-moi le bras, Frédéric, et allons ouvrir le bal, dit Louise en riant loul-a-fait, car vous me faites des questions si singulières que je ne sais comment y répondre. Puis elle ajouta en marchant vers lesOrmoyes : Je viens vous chercher pour venir avec moi à l'orchestre; je suis allée recruter Olympe afin que nous puissions danser à notre tour, elle s'est fait un peu prier, mais elle a fini par céder. — M'en voulez-vous toujours? — De quoi, cette fois? — Olympe ne m'a-t-elle pas fait un crime de cette lettre de mon père déchirée? — Un crime, non elle n'en a fait qu'un sonnet. Vous dé- chirez donc les lettres de votre père? c'est peu respectueux, Frédéric. Mais pour quelle «maussade fille me prenez-vous que vous me supposiez toujours en colère? il est si triste d'a- voir à blâmer celui — Quoi, vousn'achevez pas, dit-il tendrement? — Si, Frédéric, celui qu'on aime, dit-elle toute rougis- sante et avec une charmante dignité dans son émotion môme. VI. Revenus dans la salle de bal sans s'inquiéter d'Olympe, Frédéric et Louise s'installèrent au piano où ils jouèrent à quatre mains toute une série de quadrilles, de polkas, de ma-