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                          ÉGLOGDES DE VIRGILE.                            261

  cimo mulierem parère credebant. Servius ita expedit : Mares
  in dccimo nascuntur mense , feminse vero in nono. Mihi
 placet accipiendum poétam de dccimo mense intimante, quse
 res in omni cevo accidit : etenim sive puer sive puella in utero
 latet per menses novem, et dccimo lucem videt. » Faut-il
 que j'ajoute qu'une pensée analogue a présidé k notre légis-
 lation moderne (15) ?
    On n'est donc pas le moins du monde autorisé h accuser
 Virgile ; peut-être même pourrait-on trouver dans ce vers
 une allusion pleine de finesse ; peut-être pourrait-on sou-
 tenir que le poète a su renfermer dans cet hémistiche.
 une flatterie délicate a l'adresse d'Auguste ; je trouve dans
 Suétone un passage qui me porterait a le croire : l'historien
 raconte que ce prince naquit au bout de dix mois et qu'on le
réputa fils d'Apollon: Augustum natum mense dccimo et ob
hoc Apollinis filium existimatum. (In Oct., c. 94.) Je ne sais
si je me trompe, mais ce rapprochement inattendu me semble
d'un effet saisissant; Virgile, tout en célébrant le fils prédes-
tiné des Césars, aurait eu l'art de lancer une adroite flatterie
à la personne de l'Empereur.
    Quoi qu'il en soit de mon hypothèse, je constate que cette
longue durée de dix mois pour la grossesse était un fait reçu
parmi les poètes. Moschus, dans son idylle de Mégare, avait,
un siècle auparavant, parlé déjà comme Virgile : Decem
menses laboravi, priusquam eum adspicerem, meo subjecore
habens. Ovide, contemporain de noire poète, écrivait dans
ses Fastes :
     Quand le roi Romulus régla l'ordre des temps,

   *(15) Quoique (les cas de gestation) de plus de neuf mois soient extrême-
ment rares, il y en a pourtant des exemples, et c'est pour cette raison que
les lois ont la précaution, dans l'intérêt des enfants, d'étendre jusqu'à dix
mois, et même un peu au-delà, la durée de la grossesse.
                                Désaugicrs aîné, Bucoliq. de Virg., 1835.