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                         HOSPICK DE LA CHARITÉ.                             161
   En effet, ce fut dans la réunion tenue le 18 janvier 1533,
pour le règlement des comptes de Yaumône, temporairement
organisée en 1531, que fut proposée l'institution perma-
nente de cette œuvre. Mais à cette époque on suivait encore
généralement en France l'usage de ne compter le renouvel-
lement de l'année qu'à partir de Pâques et non du 1er janvier,
comme on le fait aujourd'hui. Cette méthode vicieuse, en ce
qu'elle exposaitàdenombreusesméprises(l) et qu'elle rendait
la durée de l'année tout-a-fait irrégulière, puisque la fête de
Pâques est mobile, ne cessa officiellement que sous Charles IX,
qui, paria célèbre ordonnance rendue en 1564, rendit obliga-
toire le comput actuellement en usage. Il résulte de T quea
le 18 janvier 1533, suivant l'ancien style, correspond au
18 janvier 1534, selon le comput moderne, en d'autres termes
qu'il faut retrancher une année entière à l'âge, a la durée de
l'hospice de la Charité.
   11 ne s'agit pas seulement ici de la rectification d'une mi-
nime inexactitude chronologique, mais d'une erreur essen-
tielle, dont les conséquences seraient des plus graves pour
les travaux sérieux qui peuvent se baser sur l'histoire de cet
établissement. L'hospice de la Charité a déjà fourni des do-
cuments précieux à des ouvrages remarquables d'économie
administrative et de statistique (2) ; que l'on juge du trouble
que pourrait jeîer dans les calculs de la science cette erreur
d'une année ; dans certaines circonstances, une telle inexac-
   (1) La confusion résultant de cette méthode était si évidente que les an-
ciens scribes avaient l'usage de déterminer souvent si la date était d'avant
ou d'après Pâques, et que d'autres faisaient observer dans la suscription dos
acles qu'ils comptaient l'année more gallicano, c'est- à-dire à partir de Pâques.
Sans ces précautions, et même maigre cola, il arrive qu'il est quelquefois
impossible de savoir, à une année près, la date réelle d'un événement, et
que si l'on ne tient pas compte de l'ancien comput, on est exposé à inter-
vertir l'ordre des faits. Supposons par exemple un enfant né le 10 avril 1535
cl mort le 30 mars 1536 ; comme la fêle de Pâques, en 1535, se trouve le
28 mars, la date de la naissance sera conforme au comput actuel, mais
Pâques, en 1536, ne se trouvant que le 16 avril, la dale de la mort dans le
texte sera portée au 30 mars 1535, c'est-à-dire qu'elle se trouverait de
10 jours antérieure à celle de la naissance, et le lecteur qui ignorerait les
différences de commencement d'année ne pourrait jamais résoudre cette
difficulté. Aussi les historiens n'omettent jamais de rétablir les dates suivant
le comput moderne, si ce n'est pourtant dans quelques- ouvrages d'érudi-
tion où l'on est parfois obligé de conserver le texte primitif ; on y ajoute
alors les indications (A. S.), ancien style, ou (N. S.), nouveau style, sui-
vant l'occurence.
    (2) Histoire statistique et morale des enfants trouvés, par MM. Terme et
Monfalcon, — Lyon, 1837, un vol. in-8° ; — Histoire administrative de
l'œuvre des Enfants trouvés de Lyon, par M. Ennemond Fayard, ancien
membre du Conseil d'administration des hospices civils de Lyon, — Lyon,
1859, vm vol. in-8° ; — Essai sur l'assistance publique et l'extinction de la
mendicité à Lyon, parle même, — Lyon, 1862, un vol. in-80," etc., etc.