Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                     LA COLONNE DU MÉRIDIEN.                   33

  « puis le Chant du départ est entonné, et le cortège se retire
  « dans le plus grand ordre. »
     Quoique le drapeau officiel de la république fût tricolore,
  cependant le rouge était la couleur des frçres voraces et des
  hommes d'action. Un drapeau de cette nuance avait été atta-
  ché à la statue d'Uranie, et l'on peut présumer que cette
  contrainte accéléra la chute de sa tête qui , déjà délitée par
  les intempéries atmosphériques, fut ébranlée et se détacha,
  en se brisant sur le pavé de la place.


                                VI.

      La chute de la tête d'Uranie était d'un triste augure pour
  la colonne, condamnée d'avance in petto par les régénérateurs
  contemporains. Son âge n'atteignit pas un siècle, et cepen-
  dant ceux qui l'avaient érigée crurent certainement à sa lon-
  gue durée. Les deux artistes qui contribuèrent a son élévation
  se flattèrent de fonder leur célébrité sur son éternité, et l'é-
  vénement est venu leur donner un cruel désappointement.
  Une nouvelle époque amène toujours avec elle de nouveaux
  goûts, et ceux qui comptent sur l'avenir de leur œuvre ris-
  quent fort d'être dans l'erreur. Pour beaucoup de gens, le
  progrès consiste dans le mépris dupasse, et l'histoire de tous
  les temps pourrait fournir une multitude d'actes de vanda-
  lisme, qui ont eu pour cause cette malheureuse disposition.
  Si notre époque a été témoin d'une assez grande quantité de
  faits de ce genre, dus à l'indifférence du public, à la pré-
' pondérance des ingénieurs et à l'absence de toute discussion,
  il faut cependant reconnaître que les questions générales
  d'art et d'archéologie ont été traitées par les hommes intel-
   ligents, au point de vue de la conservation et de la conti-
   nuité de l'idée créatrice des monuments. Dans les siècles an-
                                                        3