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448 UN MOT SUR L'INDUSTRIE yers, la récolte des fruits, les foires, les moissons, les ven- danges prennent tous leurs loisirs. C'est a ce séjour dans leurs propriétés rurales que sont attachés leurs plus grands intérêts. Tout ce que la campagne peut offrir d'utilité et d'a- grément est l'apanage des bons bourgeois de Bourg-en-Bresse. Cette manière de vivre a certes bien des charmes, car, chaque habitant, avocat, médecin, notaire, commerçant, n'a d'autre ambition que d'acquérir un coin de terre avec une bicoque pour y passer la belle saison et y mener la vie de propriétaire On peut s'étonner à bon droit qu'une ville bien située sous le rapport des eaux, où la vie alimentaire est a bas prix, et où la classe nécessiteuse est en grand nombre, on peut s'éton- ner, dis-je, qu'il n'y ait aucune industrie manufacturière, au- cun centre d'activité qui occupe au moins, pendant l'hiver, le plus grand nombre de ces gens oisifs qui sont à la charge des bureaux de bienfaisance. Je sais que, par ce regret, je vais ré- veiller les inquiétudes de certaines personnes qui prétendent que les manufactures enlèvent des bras à l'agriculture qui n'en a pas assez; a ces esprits timorés, je citerai l'exemple de la Normandie, où l'agriculture dispose d'un très-grand nombre de bras, malgré la grande quantité de fabriques que l'on rencontre a chaque pas dans les villes comme dans les campagnes. Et d'ailleurs, sans rien distraire des travaux des champs, on trouverait pendant la mauvaise saiscn trois ou quatre cents ouvriers qui, a la ville, vivent de charité, et qui employés dans une fabrique, gagneraient plus que leur nour- riture. Une manufacture ranimerait l'activité, relèverait l'é- nergie de cette ville agonisante j elle apprendrait aux habitants la connaissance des affaires, et elle ouvrirait a quelques jeu- nes gens un avenir de prospérité. Il n'y a a Bourg, d'autre industrie que la fabrication des sabots, et celle non moins modeste de la poterie commune.