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358                     CHRONIQUE LOCALE.
pousse, nous protestons contre ces attaques, et sans prendre à
partie la France littéraire ni l'Artiste lyonnais, plus coupable
encore, nous demanderons à M. Bastide si c'est par droit de supé-
riorité intellectuelle ou morale qu'il écrit ces brutalités que nous
osons à peine rapporter :

   «      Lamartine       a comparé Laprade au Phidias antique.
Laprade que vous n'avez peut-être jamais lu et que Dieu vous
garde de lire. Laprade qui se carre, à cette heure, dans le fau-
teuil académique, tandis que Hégésippe Moreau meurt sur un
grabat. Laprade qui écrit des vers comme ceux-ci :
       Si l'oiseau, tout trempé de brouillard et de suie
       Cherche à baigner sa plume en un rayon vermeil.
   « Trempé de suie! comme c'est neuf... baigner sa plume
dans un rayon, comme c'est original !...
   « Est-ce que Pradon s'est avisé d'écrire des sublimités p a -
reilles à celles-là?

   « Maintenant est-ce un poète? demandez-le àBéranger, dans
ses Mémoires d'outre-tombe , demandez-le à M. de Suttière dans
le Figaro du 13 février dernier, et vous apprendrez de ces Mes-
sieurs que nul plus que lui n'a reculé les bornes de l'embête-
ment! Aussi quand M. Viennet (lisez : Vieux-niais) aura abdiqué
le sceptre du ridicule, M. Laprade a toutes sortes de titres pour
revendiquer cette succession.
   « La dernière goutte d'eau fait déborder le vase, la dernière
bouchée donne l'indigestion. J'ai lu le dernier chef-d'œuvre de
M. Laprade, et il m'a été impossible de le digérer.

      Prostituant l'éloge à ce rêveur maussade,
       Quand d'absurdes flatteurs font un dieu de Laprade
             Je dis au fanatique essaim :
       Dans ce poètereau que le goût vitupère,
             Je vois bien le Fils et le Père,
       Mais vainement, hélas ! j'y cherche l'Esprit-soûi. »
                                        Xavier Bastide, D. M.
  L'Artiste lyonnais n° 9, dimanche, 27 mars 1859.
   Que les hommes religieux s'indignent contre cette profana-
tion de notre croyance, nous ne suivrons pas M. Bastide sur ce
terrain ; nous lui demanderons, encore une fois, de quel droit il
tient la férule? qui lui a donné mission d'en appeler au nom du
goût et de la poésie? Qu'est-il comme homme? Qu'a-t-il fait
comme littérateur ?
   Son dernier volume est là, sur notre table ; il est intitulé :
Branle-Bas, satires littéraires et morales !