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2i>4 HISTOIRE LITTÉRAIRE
Le fils de Drusus rappelle qu'Auguste et Tibère ont admis
dans le Sénat la fleur des municipes et des colonies. Quant
à cette objection, qu'un sénateur italien doit l'emporter sur
un étranger, il y répondra lorsque son plan d'épuration aura
été adopté, ou, en d'autres termes, lorsque les motifs de
cette épuration auront fait connaître quelle confiance doivent
inspirer les sénateurs italiens dont on fait un si pompeux
éloge (1). En thèse générale, il est persuadé qu'on ne doit
pas les préférer aux étrangers, lorsque ces derniers peuvent
faire honneur au sénat. Ici, par une transition qui ne me
semble nullement forcée, il passe à des exemples particu-
liers. Il cite un grand nombre de sénateurs de la puissante
colonie de Vienne , entre autres Vestinus, son ami, orne-
ment de l'ordre équestre et chargé de la gestion de ses.
affaires, de qui il recommande la famille. Mais pour l'acquit de
sa conscience, il a soin d'avertir les pères conscrits qu'il
ne se fera pas une autorité de l'exemple d'un personnage
indigne, T. Asiaticus, qui fit entrer le consulat dans sa
maison, avant même que sa colonie eût été solidement in-
vestie du bénéfice de cité romaine (2).
Arrivé a cette partie de son discours, l'orateur impérial
paraît s'être arrêté tout a coup. Il s'anime ensuite, il s'encou-
rage lui-même, et ce n'est qu'enveloppé de précautions ora-
toires qu'il s'avance vers son but. De bons esprits lui en ont
fait un reproche, mais il est facile de voir qu'il se trouve en
présence de la difficulté. La haine du peuple romain contre
les Gaulois existait encore dans toute sa force ; des fêtes
(1) Famosos probris quonam modo senatu depelleret anxius, mitem et re-
cens repertam, guaro ex severitate prisca, rationem adhibuit. (Tacit., Ami.,
lib. xi, c. 25).
(2) Asiaticus avait été condamné à mort sous le règne de Claude; ce
(levait être une raison pour lui de ne pas parler de ce patricien, malgré
l'irrégularité de son admission dans le sénat.