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                                   DE LYON.                    295

  commémoratives rappelaient toujours la terrible journée
  d'Allia et la prise de Rome ; les Italiens opposés a la de-
  mande de nos pères exploitaient tous ces souvenirs (1).
  En présence de ces préventions invétérées, Claude sent
  qu'il a besoin de tout son courage, de toute sa prudence ;
  c'est donc pas à pas qu'il doit aborder le fond de la
  discussion.
     11 a parlé de Vienne ; il est arrivé aux dernières limites
 de la Narbonnaise ; il est temps qu'il explique toute sa pensée.
 Si d'illustres jeunes hommes de Vienne, si le noble Persicus,
 son ami, sans regret de ses ancêtres allobroges, figurent
 dignement dans le sénat, qu'attendent les pères conscrits
 pour décider que les peuples limitrophes de la Narbonnaise
 méritent le même honneur ? Faudra-t-il qu'il leur fasse tou-
 cher du doigt ceux de Lugdunum, dont l'admission dans le
 sénat ne leur a jamais coûté de repentir? C'était désigner
 la Gaule chevelue ; il n'avait plus qu'a la nommer. Il la nomme
 en effet; puis il en prend noblement la défense. Il sait qu'on
 se fait une arme contre les Gaulois de dix ans de guerre
 soutenue contre le divin Jules ; mais il met en balance cent
 ans de leur fidélité inviolable ; la sécurité maintenue par
 eux sur l'arrière-garde de l'armée romaine, tandis que son
 père Drusus poursuivait les Allemands , et le subside inouï
 qu'ils lui accordèrent durant cette guerre.
    Ici cesse la deuxième page de la première Table ; cette fin est
si brusque, si inattendue, qu'il faut nécessairement admettre
la disparition d'une dernière et quatrième page sur la Table
d'airain. Dans Tacite, la justification des Gaulois a plus
d'étendue et le discours se termine par un résumé en forme
de péroraison. Je vois là, très-clairement, la fin véritable de
la harangue. En rattachant cette fin aux paroles tabulaires, on

  (1) Tant., Ann., I. xi, c, 23.